Conservation marine à Koh Rong Sanloem

Le 8 août 2018

Départ en train vers Sihanoukville

Seulement trois heures après la victoire historique de la Belgique contre le Brésil et être allés au lit, il est déjà l’heure de se réveiller pour aller prendre le train à la gare de Phnom Penh. Aujourd’hui, nous nous rendons pour une nuit à Sihanoukville avant de voguer vers l’île de Koh Rong Sanloem où il est prévu que nous fassions au moins une semaine de volontariat (dans le cadre de la préservation du récif de corail présent sur place).

Avec beaucoup de mal, nous réveillons une fois de plus le pauvre gardien de nuit pour qu’il nous ouvre la porte, et prenons la direction de la gare, nos gros sacs sur le dos. La nuit a clairement été trop courte et ça se sent…
Trente minutes avant le départ, soit à 6h30, nous voilà à la gare, nos tickets en main. Le temps d’acheter en vitesse un sandwich cambodgien comme petit-dej/pic-nic et il est déjà temps d’embarquer dans le petit train de quelques wagons. Nous qui pensions dormir dans le train, on déchante vite : le wagon est quasi complet et les banquettes sont un peu petites pour s’étaler ou même dormir assis, car le dossier est tout petit. Il va falloir faire avec pendant les 7h de trajet… Heureusement après environ 4h, des places se libèrent, nous laissant la possibilité de se répandre un peu.
 

La gare de Phnom Penh
Notre petit train

Sihanoukville, le prochain Macao ?

Arrivés à Sihanoukville, notre idée était de trouver un logement dans les environs directs du port pour le trajet en ferry du lendemain vers l’île. Sauf que nous avons beau tourner, pas moyen de trouver un endroit de libre ou ouvert (les chinois investissent partout dans la ville à tel point que des chantiers sont partout présents et que les seules guesthouses du coin sont pleines de chinois).
Par dépit, nous négocions donc un tuk-tuk vers la zone plus touristique où l’on finit par trouver un logement. Il est maintenant grand temps de dormir ! Un bref réveil pour avaler quelque chose puis retour au lit ! Le rendormissement sera un peu plus difficile ; les anglais jouent contre la Suède dans le bar juste à côté, ça fait un peu de bruit !
 

La pièce à vivre d'une maison en bord de mer
La ville en elle-même n’est pas très inspirante. D’un côté les chinois investissent dans tout ce qu’ils peuvent et font pousser des casinos par dizaines. Ces derniers sont aussi remplis de chinois, si bien que les cambodgiens n’ont pas le droit d’y entrer sauf s’ils y travaillent. Possédant tout, les chinois imposent un niveau de vie plus élevé que les cambodgiens n’arrivent plus à suivre. Ceci à son tour provoque une hausse de la criminalité et il paraît qu’il y règne une mafia chinoise.
De l’autre côté, des occidentaux viennent ici en partie pour le tourisme sexuel. On voit se balader des cambodgiennes peu habillées se pavanant sur les torses d’hommes blancs. Une fois la nuit tombée, on croise aussi des jeunes filles pas loin de l’adolescence marchant maladroitement avec leurs talons hauts.
Bref, cet endroit n’est plus vraiment réputé pour ses plages paradisiaques. Aujourd’hui, le voyageur « classique » fait escale ici pour prendre le bateau vers les îles voisines, comme nous, ou va se détendre un peu plus loin vers Otres Beach.
 

L’île de Koh Rong Sanloem

Le lendemain matin, nous parvenons enfin à prendre contact avec le responsable du projet où nous allons faire volontaire, James, un britannique installé ici depuis quelques années. Il nous rencontre à notre auberge et nous explique ce que nous allons faire, ça a l’air top ! Au programme, de la plongée deux fois par jour pour mettre en place des supports rocheux sous l’eau, y amener des coraux brisés et recenser les espèces que nous trouvons. Trop bien ! Il nous indique ensuite comment nous rendre sur l’île et nous sommes amenés au débarcadère par la compagnie tandis qu’il nous retrouvera demain pour notre première plongée. En avant donc à bord du ferry qui file et atteint en un peu moins d’une heure notre embarcadère sur l’île de Koh Rong Sanloem.
 

On embarque pour Koh Rong Sanloem
Cette île, juste au large de Sihanoukville, fait partie du désormais nouveau parc national de Koh Rong.
Elle est habitée depuis peu seulement. En effet, les gens avaient autrefois peur de s’y rendre, la raison datant de la fin du joug des Khmers Rouges. Une fois le regime aboli, leur leader se serait réfugié quelque part dans une jungle cambodgienne. Mais quelle jungle ? Personne ne savait alors… si ce n’est que l’île est couverte de jungle, donc il aurait pu y être !
Après l’annonce de la mort de Pol Pot (dans une toute autre jungle du pays), c’est seulement en 2000 qu’arrivent les premiers habitants de l’île trouvant cet endroit idéal pour la pêche.
 
Les barques de pêcheurs
Avec l’arrivée de l’électricité, en 2010, cette île est devenue visible par les touristes de l’île festive voisine, Koh Rong. Des voyageurs curieux sont arrivés et les habitants de l’île ont vite compris qu’il y avait un business à prendre.
Si la plage principale de l’île s’est transformée rapidement en station balnéaire, le petit village de M’Pai Bai, où nous allons, a conservé son authenticité. Ce dernier se trouve à l’autre extrémité de l’île et s’est constitué d’une communauté restreinte de pêcheurs.
 
M'Pai Bai
M'Pai Bai
M'Pai Bai
Ce lieu ne s’ouvre que depuis récemment et précautionneusement au tourisme. Le village ayant très peur de devenir un haut lieu de « rave party » comme sur l’île voisine Koh Rong, il régule très fortement le tourisme en ayant établi des couvre-feux implicites (principalement sur la musique et les soirées) et tente de garder un esprit « chill ». Si un visiteur dérange, il sera poliment invité à quitter l’île.
 
Les indications des différents restos et auberges
Une grande soeur et son petit frère
N’étant pêcheurs que depuis leur arrivée (sauf si leurs descendants étaient déjà pêcheurs), les habitants ont eu parfois recours à des méthodes inadaptées de pêche qui ont endommagé les écosystèmes. De plus, les groupes de touristes chinois venant depuis Sihanoukville pour des excursions à la journée, ont également contribué à fragiliser le milieu marin. Notamment car ces touristes et leurs opérateurs rejettent leurs crasses directement dans la mer, mais aussi car ils ne font pas attention au coraux en nageant. Enfin, les villageois eux aussi ne sont pas toujours très précautionneux quant à la collecte des déchets, même si des systèmes ont été mis en place par le chef du village.
 

Save Cambodian Marine Life

C’est dans le contexte décrit ci-dessus que nous participerons au projet de Save Cambodian Marine Life (ou comme dirait maman André, un centre de revalidation pour coraux blessés). Leur objectif est de trouver un moyen de repeupler les récifs de coraux vivants.
Ici la situation des coraux n’est pas encore trop critique, mais certaines régions dans le monde en souffrent vraiment.

Leur solution envisagée est de récolter les morceaux de coraux cassés (mais toujours vivants) et de les mettre dans des « nurseries ». Ces dernières ont été construites par le centre dans la baie avec des rochers. Les coraux y sont attachés et restent là quelques semaines le temps qu’ils reprennent des forces et une bonne taille.
C’est à ce stade que Save Combodian Marine Life (SCML) se différencie des autres centres de ce type. Les autres laissent les coraux dans leur nurserie, alors que SCML transfère les coraux revitalisés vers un récif. Et ça marche ! Le corail tient et parvient à se replanter dans le récif.
Fier de sa réussite, SCML ne se précipite pas trop et attend plus de résultats pour partager leurs connaissances aux autres centres.

A côté de ça, SCML s’implique aussi très fort dans le village de M’Pai Bai. Ils tentent de trouver une solution pour le tri des déchets et le recyclage, ils instruisent les enfants et adultes sur les bonnes manières de pêcher. Par exemple, avant les habitants mangeaient les tortues, aujourd’hui ils les relâchent s’ils en ont dans leurs filets.
 

Gestion des déchets
SCML a aussi construit une école et cherche des volontaires sur une longue durée pour devenir prof.
Les Khmers Rouges ne misant que sur l’agriculture, ils exécutaient toute personne dite « instruite ». Toutes les écoles ont été fermées, c’est pourquoi encore aujourd’hui beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés.
 
Une vache vient interrompre le jeu des enfants
Ils ont un peu peur tout de même
Ils la font fuir;-)

Notre séjour

Une fois à terre, nous rencontrons Pedro, l’autre responsable du projet, qui nous présente notre gîte, les gérants de l’auberge et les cuistots, presque tous francophones (québecois et français). Nous dormons au « Lazy Bones » et cet endroit porte très bien son nom avec son atmosphère très détendue.
 

Notre logement, le Lazy Bones
Notre logement, le Lazy Bones
So lazy au Lazy Bones
So lazy au Lazy Bones
Kayline, une jeune canadienne anglophone vegan poilue, fait quant à elle son volontariat en même temps que nous. On rencontre aussi plus tard Ely, une jeune allemande qui compte rester ici 3 semaines.
Mais en attendant demain, c’est repos pour le reste de la journée. Le soir, nos cuistots nous cuisinent notre premier repas et on réalise comme on est chanceux ! L’un de nos deux cuisiniers est en réalité chef de formation et il cuisine chaque soir un plat différent (l’autre cuisinier, on ne sait pas, mais c’est tout aussi bon) ! Ça change des repas asiatiques tous les soirs ! Après ça, zoup au lit dans notre dortoir, demain les choses sérieuses commencent !

Premier jour de volontariat à Koh Rong Sanloem ! Un délicieux petit déj puis nous partons déjà choisir un équipement de plongée à notre taille. Direction ensuite le seul centre de plongée du village qui est partenaire du projet. On y prend une bonbonne et nous parons de tout notre équipement. Il faut se remettre un peu dans le bain, ça fait quand même quelques mois que nous n’avons plus plongé !
 

Eh oui, c'est lourd les bonbonnes d'air
Paul check son BCD
Une fois que le groupe est prêt avec James qui nous a rejoint, tout le monde traverse la plage et s’immerge progressivement. Ce matin, nous avons droit à un petit tour du propriétaire avec James qui nous montre les différentes couveuses de coraux cassés dans la baie et comment ceux-ci se redéveloppent. Coup de chance aussi, nous apercevons un gros hippocampe ! Retour ensuite sur la terre ferme pour un dîner bien mérité. James nous laissera avec Pedro pour la plongée de l’après-midi.
 
Une nurserie de coraux (photo archive)
Cette après-midi, nous allons voir le récif pour ramasser des coraux cassés et des crasses. Puisque le récif est plus loin, nous prenons cette fois le bateau ! Francé n’est pas très à l’aise et basculer en arrière depuis le bateau qui bouge dans tous les sens ne la rassure pas vraiment, pas plus que le courant et la visibilité qui sont assez mauvais. Tout le monde se perd un peu et finalement, nous devons mettre un terme précocement à la plongée après avoir perdu pour de bon une plongeuse. Retour donc à la surface et au bateau où nous la retrouverons finalement après 20min d’inquiétude (elle n’a pas suivi les règles de sécurité et s’est laissée aller à prendre des photos de son côté alors que nous nous inquétions de ne plus la voir).
 
Pour aujourd’hui, ce sera tout au niveau de la plongée. Nous passerons la fin de l’après-midi en compagnie de Pedro qui nous fait une visite du village et nous explique son histoire.

Pedro nous explique entre autre l’histoire des serpents. L’île a toujours été infestée de serpents, dont des très gros et des très dangereux. Heureusement il y a peu d’accidents, mais il faut tout de même faire attention à ne pas s’enfoncer dans la forêt seul.
Les habitants étant bouddhistes, ils ne tuent pas les animaux sans raison. Du coup, lorsqu’un serpent est dans leur maison ou dans le village, ils l’attrapent et le mettent dans un sac. Une fois le serpent capturé, ils prennent un bateau et vont le relâcher dans la petite île inhabitée d’en face. Cet îlot serait actuellement une vraie fourmilière de serpents, il est totalement déconseillé d’y aller.
Sur la plage du village, un petit monsieur loue des kayaks aux touristes. La seule destination attrayante accessible est évidemment cet îlot. Mais le monsieur ne dit rien et encaisse l’argent sans scrupule. Fourbe…
 

L'île au serpents
Alors que nous pensions passer chaque jour de la semaine à développer les couveuses de coraux, le climat en décide autrement. En effet, nous sommes en pleine saison des pluies. Et s’il n’avait pas trop plu jusqu’à présent, c’est sans doute que le ciel avait tout gardé pour cette semaine… Il pleuvra d’énormes averses à toute heure de la journée et de la nuit (avec quelques pauses tout de même) tout le reste de la semaine.

Une plongée le matin du deuxième jour et une l’après-midi de notre dernier jour sur place, c’est tout ce que nous aurons la possibilité de faire au final. Le vent et la pluie entraînent des courants trop forts et une visibilité trop mauvaise pour faire quoique ce soit sous l’eau. Ces deux plongées seront l’occasion de marquer l’emplacement de la nouvelle couveuse de coraux par une bouée et d’en construire le socle rocheux à l’aide de gros blocs.
 

Transport des pierres pour faire une nouvelle nurserie (photo archive)
Création de la nouvelle nurserie (photo archive)
La team ! Avec Pedro, Ely et Kayline
Puisque la plongée ne nous est plus accessible, nous passons le temps à ramasser des déchets sur la plage à l’aide de gros sacs, à peindre des panneaux pour dissuader les gens d’y jeter des déchets, ou encore à rechercher des informations sur le recyclage/l’identification des coraux. C’est bien moins folichon et excitant que la plongée, mais bon, difficile de faire mieux quand il tombe des cordes comme dehors.
On se console avec les délicieux repas que nous mijotent nos marmitons ! La demi-douzaine de chiens nous tient aussi compagnie, ce qui rend Francé toute heureuse.
 
Les chiens du Lazy Bones
Création de pancartes informatives
Tandis que la pluie ne cesse pas, la coupe du monde continue et à notre troisième jour, c’est France-Belgique ! Vu le nombre de français dans le petit village, ça promet au niveau de l’ambiance, d’autant que quelques belges sont également présents. A 1h, tout le monde se retrouve à l’un des deux seuls bars qui montrent les matchs. Pas de bol pour nous, ça ne passera pas cette fois… On enchainera l’avant-dernier jour de notre séjour avec la petite finale entre la Belgique et l’Angleterre. L’ambiance est un peu moins chaude vu que ça compte un peu pour du beurre mais on est quand même tout content que la Belgique gagne ! Ca doit être la folie dans le pays…
 
Un petit verre pour le coucher du Soleil
Le dernier jour, après une semaine passée sur l’île et sous la pluie, nous décidons donc de ne pas prolonger notre volontariat, malgré la dernière plongée que nous avons eu l’occasion de faire la veille. Si c’est pour payer pour une semaine de plus et ne plonger que deux ou trois fois, c’est un peu dommage.
Malgré la pluie, nous sommes tout de même tristes de quitter l’île ; l’ambiance toute tranquille, l’atmosphère de village, les enfants qui jouent, les doggos qui se promènent partout, tout le monde qui se connait… On comprend que des gens aient décidé de ne pas partir d’ici.
 
Les enfants jouent
Le ferry arrive finalement et nous embarquons, le cœur un peu serré.
Adieu Koh Rong Sanloem et M’Pai Bai ! Direction maintenant Sihanoukville pour aller vers Kampot !
 
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