La vie de volontaire au monastère de ThaBarWa

Le 11 juin 2018

Jour-J ! C’est aujourd’hui que nous quittons Yangon et que nous allons au centre ThaBarWa. Nous empaquetons tout, profitons des derniers moments de climatisation et marchons quelques kilomètres sous le soleil jusqu’à l’arrêt de bus où nous devrions prendre le bus vers le monastère. Après quelques dizaines de minutes d’attente cependant, le bus n’est toujours pas là. Une madame tenant un stand de nourriture nous demande où nous allons et nous lui expliquons quel bus nous devons prendre. Apparemment, le bus ne démarre plus d’ici mais de plus loin ! Heureusement qu’elle nous le dit. Elle nous indique alors un autre bus à prendre, son prix, et où descendre pour enchaîner avec notre bus final. Pour être sûr que tout ira bien, elle indique même au chauffeur de notre bus notre situation. ေက်းဇူးတန္ပါတယ ! (Ou comme on pourrait dire plus facilement, Che-zu-ba). Nous enchaînons donc rapidement les deux bus pour enfin arriver à ThaBarWa.
Nous remarquons également quelque chose d’étonnant pendant le trajet : des inscriptions ainsi que des plans et les pubs sont annotés en coréen partout dans le bus, en plus des habituelles annotations en birman. Il semblerait qu’il s’agisse de bus de seconde main dont les modifications auraient été très légères ! On peut toujours y voir les anciennes lignes de bus.

ThaBarWa

Enfin, après en avoir tant parlé, nous voici à ThaBarWa où nous nous apprêtons à vivre une des meilleures expériences de notre voyage !

ThaBarWa est un monastère bouddhique fondé en 2008 par le moine Ashin Ottamathara. Ici, on y accueille les gens dans le besoin quels qu’ils soient, sans-abris, malades, personnes âgées, handicapés, orphelins etc. Tout le monde est le bienvenu sans discrimination. Ces patients sont soignés, nourris et blanchis gratuitement, tout ça grâce à l’aide des donations reçues et des volontaires. La porte du centre est ouverte 7j/7 24h/24, des patients arrivent parfois en urgence en pleine nuit.
Aujourd’hui le centre compte plus de 3400 personnes, patients et volontaires inclus, mais ce n’est pas tout. Grâce aux nombreux dons, le monastère a pu construire et supporter des villages aux alentours. De plus il existe plusieurs « succursales » du centre dans le monde.
 

Le fondateur de ThaBarWa Ashin Ottamathara
Tout ce qu’on peut voir dans le centre est là grâce aux donations ! ThaBarWa reçoit des dons monétaires qu’ils investissent dans la construction et l’achat de biens. Ils reçoivent aussi de nombreux biens matériels, ça peut aller d’une voiture à du savon. De plus, chaque matin, les moines partent dans des villages pour recevoir des dons « de la main à la main », principalement en nourriture. Celle-ci va servir aux repas de la journée. Beaucoup d’autre nourriture arrive aussi via d’autres moyens. On peut noter par exemple l’arrivée chaque matin des nombreux restes de la boulangerie d’un bel hôtel de Yangon 😀
 
Tout ce que l'on voit dans ce centre est là grâce aux donations !
La particularité de ThaBarWa, c’est la méditation. Les moines et nonnes méditent une bonne partie de la journée et apprennent aux patients à faire abstraction de leurs peines grâce à cette pratique.
Il y a régulièrement des « Dhamma talk », où des moines/nonnes du centre ou d’ailleurs viennent diriger des séances de méditation en expliquant en temps réel ce qu’il faut faire. Ensuite ils répondent aux questions des participants.

Nous sommes donc ici en tant que volontaires et comptons rester une semaine. Les volontaires sont nombreux et partout, ça va de l’administration, à la cuisine, jusqu’aux infirmières. La plupart sont birmans et viennent de la région. Cependant, nous en tant qu’étranger, nous sommes dans un groupe plus restreint d’une trentaine de personnes, avec un régime particulier.
Un grand nombre de voyageurs comme nous passe par ici, ça va de 1 jour à « sans date de retour ». Un organisateur par exemple était là depuis 1 an déjà.
Nous dormons tous dans le même bâtiment appelé « USA-Hall », dans des dortoirs, filles et garçons séparés (bouhou). Nous avons des choix d’activités bien établies et nous mangeons tous ensemble.

Cette situation est super car ça nous permet de faire connaissance avec des gens vraiment chouettes. En plus, notre bâtiment est en plein milieu du centre, ce qui permet de voir et vivre la vie locale h24.
Parmi nous, il y a aussi des voyageurs qui sont la uniquement pour méditer, d’autres qui sont là juste pour aider les gens, d’autres qui font les deux.
 

Une nonne qui prend du bon temps :)
Une madame aveugle prépare son thanaqua, le maquillage traditionnel
Dans ce centre, patients, comme volontaires, tout le monde est sur le même pied. Nous sommes aussi nourris et blanchis gratuitement. L’idée est que chacun apprend quelque chose de l’autre. Nous offrons nos services et notre aide, mais nous apprenons aussi. Par exemple, on peut apprendre à méditer. Grâce aux « Dhamma talk » nous avons pu suivre les méditations d’un moine tchèque et de deux nonnes birmanes. Nous apprenons aussi à procurer des soins aux patients et nous avons même accès à des cours de birman.

Le centre est étendu en surface, ce qui donne l’impression d’être dans un réel village. En plus des nombreux hôpitaux, il y a tout ce qu’on veut: magasins, maisons de thé, couturier, bibliothèque, coiffeur etc.
 

Cafés et magasins
L'atelier des couturières
Vue de notre dortoir, à droite un vendeur de jus
Il y a aussi d’autres nombreux services tels que des citernes d’eau potable, des bains publics, une cuisine avec un four énorme pour cuire le riz, une pièce garde-manger, des réfectoires, un bureau d’ingénieurs/mécaniciens, une imprimerie et plein de choses encore.
On peut également se rendre chez l’acuponcteur, le dentiste ou le généraliste, toujours gratuitement.
 
C'est le moment de la vaisselle
La section ail et oignons du garde-manger
La cuisine et ses fourneaux. Le grand four noir sert à cuire le riz
Une vache veut rentrer à l'imprimerie
"Hello !"
Les hôpitaux sont de toutes sortes, il y a des grands buildings modernes avec ascenseur, des grands halls où sont logés bien 70 personnes les unes à côté des autres, des petites chambres plus rudiemntaires logeant une dizaine de personnes.
Naturellement, on est loin du grand luxe. Le budget ne permet pas de fournir le confort, l’hygiène et les soins optimaux aux patients. Les lits ne sont généralement constitués que d’une plaque en bois sur des pieds, donc pas de matelas (sauf pour les patients plus critiques) ; il n’y a pas assez de personnel pour s’occuper de tout le monde, les patients ne sont pas toujours lavés ; rien n’est climatisé, il fait donc une chaleur étouffante en plus des odeurs.
Le nom « hôpital » ne désigne donc en aucun cas quelque chose de similaire à ce que l’on pourrait rencontrer en Europe, plutôt une sorte de dortoir médical. Mais malgré ça, les patients gardent le sourire et savent qu’ils seraient beaucoup moins bien lotis s’ils étaient restés dans leur village. Aussi, contrairement au reste, la nourriture est abondante !
Chaque patient est placé selon la gravité de son état et le type de problème. Il y a aussi des hôpitaux pour femmes et pour hommes.
 
Un hopital
Le "Rainbow Hospital"
Nous sommes logés à la même enseigne, notre confort est très minimaliste aussi. Un dortoir d’une dizaine de personnes, des lits avec un petit matelas de 3cm et pas de ventilateur dans notre cas. (Francé a eu la chance d’en avoir un vers la fin du séjour) On avait tout de même la chance d’avoir une salle-de-bain par dortoir et chacun une moustiquaire au-dessus de son lit.
Nous arrivons sous quasi 40 degrés, il faut dire que les nuits sont difficiles avec cette chaleur (minimum 27°C environ la nuit). La journée le climat pèse très fort aussi, d’autant plus qu’étant dans un monastère, nous devons être jambes et épaules couvertes dès que nous quittons notre hall. Nos vêtements ne restent pas secs deux minutes, nous finissons souvent en nage après les activités et nous sommes tout simplement plaquant en permanence. On s’y fait au fil des jours et on finit par plus ne sentir l’odeur 😉
 
Deux de nos copains, Ithao (ou J) et Gustavo
Qu'il fait chaud ! Bon moment pour se couper les cheveux.
Ici on rencontre aussi un tout autre type d’habitant, les doggos ! Il existe un refuge pour les chiens abandonnés, mais celui-ci étant surbooké, une grande quantité des animaux sont envoyés au sein même du centre. C’est donc au grand bonheur de Francé qu’on croise des bandes de chiens tous les 10 mètres. Ils sont tellement nombreux qu’ils font des gangs sur des petits territoires qu’ils établissent eux-mêmes.
A force de les observer, on a pu analyser leur comportement 😉 Si un chien va dans le périmètre d’une autre bande, il se fait chasser, parfois violement. Presque tous les chiens ont d’ailleurs des cicatrices sur tout le corps. On a pu remarquer aussi que les femelles, elles, ont en général un laisser-passer dans tous les territoires. Ils sont généralement gentils avec les gens qui passent, sauf certaines personnes qui sont leur cible (on a l’impression que ce sont toujours des hommes méchants avec eux). Avec nous, les volontaires « étrangers », il y a rarement des problèmes.
Le hall des volontaires a également son propre gang de doggos, mené par Jessy, le seul chien autorisé à entrer dans notre bâtiment. Il est un peu sournois et excite les autres chiens avant de fuir ou de se cacher derrière nous, laissant les autres chiens de son gang se défendre. Potato est un autre membre de notre gang, c’est celui qui ramasse à la place de Jessy. Quelques autres doggos dont un gros blanc constituent le reste du groupe.
Une fois la nuit tombée et la chaleur du soleil moins écrasante, les chiens cessent de somnoler, se réveillent de leur sieste et les escarmouches en territoire adverse commencent. On entend donc plusieurs fois par nuit combats et hurlements, ce qui rend parfois le sommeil très interrompu.
 
Une petite bande de chiens
Jessy, le chien des volontaires

Le déroulement d’une journée

Chaque soir, notre groupe participe à un briefing afin de programmer la journée du lendemain. Le tout est sous la supervision d’un volontaire présent de longue date ainsi que d’autres volontaires habitués qui gèrent une activité qui leur tient à cœur.
C’est à ce moment qu’on peut choisir nos activités et planifier notre journée. Aucune activité n’est obligatoire, aucun compte n’est demandé. On peut autant remplir sa journée au maximum que se prendre une journée libre. On peut aussi remplacer les activités par simplement consacrer du temps aux patients. De manière générale, on prend une activité le matin et une ou deux l’après-midi.
N’ayez crainte, toutes les activités sont supervisées par des volontaires plus anciens. On n’est donc rarement livré à nous-même (en tout cas pas la première fois).
 

Le briefing du soir
Le planning de la journée
Ici, la vie commence tôt, car faire à manger pour tout ce monde ça prend du temps. Préparer les repas des moines et des patients n’est pas dans les activités qu’on nous propose au briefing, mais on peut sans hésitation y assister pour donner de l’aide. Il faudra alors se lever à 4h du matin afin de cuire le riz pour tout le monde.

Certains jours, il y a des Dhamma Talk dès le lever du soleil. Les personnes intéressées par la méditation se lèveront donc à 5h du matin pour aller s’installer dans le Dhamma Hall en silence. Au final, on peut méditer à toute heure et où on le souhaite. Certains vont même parfois s’installer avec les moines.
 

Aujourd'hui pas grand monde à la méditation, mais parfois la pièce est remplie
La première activité proposée durant le briefing est la récolte des donations avec les moines. Il faut avoir mangé et être prêt pour 6h30. Au final, pas mal de volontaires se lèvent pour cette heure-là, car on peut encore trouver quelques pâtisseries données par la boulangerie comme petit-dèj 😉
Les volontaires qui se sont proposés pour l’activité (de 1 à 3) montent dans une petite camionnette à banquettes avec une bande de +-8 moines et quelques volontaires birmans qui s’occupent de l’organisation et la logistique. On se dirige hors du centre vers un village ou une ville à parfois 1h de route. Les lieux ne sont pas choisis au hasard, ce sont les habitants qui contactent le centre pour inviter les moines à passer.

Une fois arrivé, on se met tous à pieds nus et les moines se positionnent en file. Un volontaire se met à côté du premier, un à côté du dernier, les autres n’ont pas de place fixe. Chaque moine a un récipient pour récolter du riz cuit, tandis que les volontaires ont tous soit un gros sac pour la nourriture, soit un récipient argenté décoré pour l’argent.
La camionnette nous précède et un volontaire birman annonce notre venue en amont du cortège grâce à un haut-parleur, ce qui fait sortir les habitants de leur maison. On avance doucement dans cette grande haie d’honneur où les habitants viennent tour à tour donner de la nourriture ou de l’argent (parfois aussi du savon, des médicaments etc). C’est impressionnant de voir la quantité qu’ils offrent, ça va du simple riz cru au repas 3 services cuisiné par maman. Les gens donnent et donnent, les volontaires courent partout afin d’oublier personne, tandis que les moines continuent à avancer calmement en bénissant les donations.
La bonté de ces gens est immense, même les plus pauvres donnent. Mais en plus de leur générosité, il y a une bonne raison à tout ça. Leur religion dit qu’au plus ils donnent aujourd’hui, au plus ils améliorent leur karma, ce qui leur permettra de se rapprocher du nirvana dans leurs renaissances futures. C’est pourquoi les gens s’oppressent d’offrir.

On traverse plusieurs villages/quartiers, aisés ou pauvres, sur quelques kilomètres. A pieds nus ce n’est pas toujours facile de suivre sur les chemins caillouteux, mais ça nous fait une belle balade de bon matin 🙂
A la fin, la camionnette est pleine de sacs de nourriture. On s’installe tant bien que mal et on retourne au centre. Tout cette nourriture va au garde-manger et sera cuisinée le jour-même et même plus tard vu sa quantité. On aura des tonnes de riz, des tonnes de mangues, des tonnes d’ail, des tonnes d’oignons… Les plats offerts tout prêts seront mangés à midi, notamment par nous 🙂 On quitte la bande vers la fin de matinée avec un sachet de fruits comme petite cadeau de remerciement, puis on se prend du temps libre jusqu’au dîner ou on va voir si on peut aider ailleurs.
 

Les moines circulent dans les villages pour récolter les donations
A 7h30 commence l’activité suivante, « Physio » (kiné). On attitre à chaque volontaire un, deux ou même trois patients (selon le temps qu’ils vont prendre) dont il devra s’occuper durant la séance. Chaque patient à une fiche médicale avec quelques lignes le décrivant ainsi que son état et une série d’exercices à lui faire faire. Tout est détaillé avec des photos et des schémas. Durant deux trois heures on s’improvise kiné.
On va trouver notre patient grâce à la petite photo qu’on a de lui et on se lance dans les exercices. C’est l’activité préférée de Francé car c’est ici qu’on a le plus de contact sur du long terme avec le patient. On fait connaissance avec lui, on l’encourage à faire ses exercices et souvent on rigole bien car les situations sont parfois cocasses. Parfois les exercices ne sont pas très clairs, heureusement le patient les connait souvent très bien et nous explique lui-même comment les faire. On compte, on rythme, on soutient, on étire, on pousse… ça devient même physique pour nous, surtout si on fait les exercices en même temps. De temps en temps on doit aussi faire des massages à l’huile de coco ou au baume du tigre.

Les pathologies des patients sont très diverses, mais de manière générale, on doit faire de la rééducation pour des personnes qui ont des paralysies ou qui ne savent plus sortir de leur lit. On s’est notamment tout deux occupés de personnes à moitié paralysées après un AVC. Leurs séances ont commencé il y a plusieurs semaines en douceur par des petits exercices jusqu’à pouvoir marcher à l’extérieur. On a aussi eu des personnes qui ont eu des accidents, qui ont les jambes atrophiées ou amputées. D’autres personnes restent couchées tout la journée, on va donc les faire bouger pour faire circuler le sang et tenter de leur faire perdre un peu de poids.

Même si on n’est loin d’être des professionnels, les efforts portent leurs fruits et certains patients motivés font de grandes prouesses. C’est trop chouette de voir leur joie lorsqu’ils se surpassent ou qu’ils atteignent un objectif. Grâce à ça, il y en a qui arrivent aujourd’hui à marcher seuls et vont à la maison de thé encourager leurs copains qui font, à leur tour, leur balade-exercice.
L’autre côté plus difficile, c’est de voir leur peine. Certains se sentent démunis et ont de fortes douleurs. Francé a notamment eu une patiente qui ne savait plus tendre ses jambes mais qui était d’une énorme volonté. Francé devait lui faire faire des exercices jusqu’à lui faire mal, elle en a même pleuré mais elle voulait continuer car elle sait qu’un jour elle pourra remarcher.

On tisse réellement des liens avec ces personnes car on leur consacre beaucoup de temps. On va prendre de leurs nouvelles durant la journée et si on peut, on demande de s’occuper d’eux le lendemain. On en profite aussi pour faire connaissance avec les patients voisins. On a notamment rencontré Nini qui adore les volontaires. Elle nous interpellait tout le temps pour qu’on s’installe prendre un café avec elle.
 

Petite pause pour aller dire bonjour à Nini
Les patients sont birmans et ne parlent pas anglais. Mais avec le temps, ils commencent à comprendre les mots essentiels. Les volontaires plus anciens commencent eux aussi à apprendre du birman. Le dialogue reste très basique, mais de manière générale ça se passe sans soucis. S’ils veulent vraiment communiquer quelque chose de précis comme une douleur ou un changement, on va chercher des volontaires birmans pour traduire.

Vers 8h commence le « Make them move ! » (Faites les bouger). C’est grosso modo la gym du matin comme chez les scouts. On entre dans le hall ou dans la chambre, on salue tout le monde မင်္ဂလာပါ « Mingalabar » et on lance la musique. C’est parti pour des étirements, des exercices et même de la danse. Cet essentiel de faire cette activité car beaucoup de patients restent dans leur lit toute la journée, il faut donc un peu les forcer à s’activer. Certains attendent ce moment avec impatience et sont déjà debout à gesticuler sur du Michael Jackson, d’autre sont plus réticents et regardent. Mais la plupart sont juste timides et n’osent pas se lancer devant tout le monde. On se balade dans le hall en essayant de capter l’attention de chaque patient. En nous voyant danser et leur tendre la main, certains se dérident et se lancent dans le mouvement. Après 20 min de déhanchement et de rigolade, on dit au revoir et on enchaine avec la pièce suivante.
 

Make them move !
Make them move !
Francé fait danser un aveugle
Make them move !
Vers 9h, la musique de la gym toujours en fond dans certains hôpitaux, commence l’activité « Patient Care » (Soins des patients). Un des moments les plus difficiles émotionnellement de la journée car il faut s’occuper des plaies des patients. Alors que Francé était kiné (elle n’a pas eu le courage d’assister au Patient Care), Paul tente une fois d’être infirmier. Il faut prendre son courage à deux mains et mettre le nez dans des plaies bien crapuleuses. L’hygiène est très sommaire, les blessures mettent beaucoup de temps à se soigner. Il faut notamment soigner les escarres, mais aussi s’occuper de cas beaucoup plus avancés comme de la gangrène ou des cancers. Il y avait parmi les patients, quelqu’un qui avait un cancer à la mâchoire. Il fallait nettoyer ses plaies à la bouche, où ont même été trouvés des petits asticots… Ce n’était qu’une question de temps pour lui, mais nous tentions évidemment au maximum d’apaiser ses douleurs et de laver sa blessure. Un autre avait des fourmis… Paul a aussi aidé à soigner une vielle dame qui avait des nécroses aux deux hanches et aux deux épaules. Celle-ci est arrivée en urgence une nuit durant notre séjour. Elle n’a malheureusement pas survécu et s’est éteinte après quelques jours dans son sommeil, la nuit après que Paul ait aidé à s’en occuper 🙁

Voici les activités de la matinée, mais la journée vient seulement de commencer. Si on a fini notre activité plus tôt, on en profite pour aller à la rencontre des patients. On leur propose aussi de faire une balade avec eux.
 

Un patient qui est toujours heureux de nous croiser
Après tout ça, on mérite un bon dîner vers 11h45 servi par des volontaires birmans. Tous les voyageurs se retrouvent pour manger dans une hutte en bambou. C’est là que nous pouvons nous régaler grâce aux plats récoltés par les moines le matin-même. Il y a vraiment de tout, des préparations de toutes sortes, des légumes, de la viande, du poisson. Même parfois des cakes et biscuits comme dessert. On peut se servir à volonté et les plats sont rarement terminés tellement il y en a. On profite aussi d’une bonne dose de fruits, il y en a tellement qu’on doit en faire des jus. Mangues (en quantité industrielles, c’était la saison), pastèques, bananes, mmmmh que ça a du goût !
On retrouve à table nos copains et on discute des aventures et anecdotes de la matinée. On a eu la chance de se faire un super groupe d’amis durant le séjour.
 
Les volontaires du moment :)
L’aprem c’est plus relax, on commence en douceur par la « Pagoda Party ». Simple et efficace, il suffit d’amener les patients qui le désirent à une pagode pour qu’ils puissent prier.
On se rend dans un hôpital avec une chaise-roulante, on crie dans la pièce « Peya, peya ! » et les intéressés se manifestent. On essaye tant bien que mal de les mettre dans la chaise et puis on se balade dans le village jusqu’à la pagode située à 15-20min de marche (vitesse chaise-roulante). À la pagode, on les balade ou on les laisse seuls selon leurs envies, puis on les ramène.

Le second choix d’activité de l’après-midi est le « Patient washing » (Lavage des patients). Comme son nom l’indique, c’est l’occasion de laver les patients de l’un des hôpitaux. Les hôpitaux étant non-mixte, ce sont soit uniquement des femmes, soit uniquement des hommes. On embarque les patients sur des chaises roulantes percées, on les amène juste devant des bains publics, dehors, et c’est parti pour se rafraîchir un bon coup tout en se lavant dans la bonne humeur !
Certains patients savent se laver à peu près eux-mêmes, d’autres doivent être plus assistés mais tout le monde a le sourire. Nous leur apportons de l’eau et changeons les langes de ceux qui en ont. C’est au final une activité assez chouette et gaie, même si ça peut s’avérer un peu voire très pipi-caca certaines fois. Francé ne l’aura pas fait mais Paul aura essayé (un ami qui l’a fait plusieurs fois racontera plus tard que la seule fois où Paul l’a fait, avec lui, c’est aussi la seule fois où il a eu à faire à des excréments…).
 

Les moines prennent leur thé
Un chien dans le longyi du Paul

Ensuite, vers 16h, des volontaires vont en cuisine. Le déjeuner et dîner sont préparés par les volontaires birmans, mais le souper on le fait nous-même. On entre dans le grand garde-manger pour choisir une bonne dose de légumes et on demande à faire cuire du riz. Le soir, c’est végétarien ! On se lance dans l’épluchage et le découpage des légumes pour une quarantaine de personnes. N’ayant à notre disposition quasi que des légumes et très peu de matériel, le souper ressemble en général à une grosse ratatouille, salade ou curry. On a la chance d’avoir parmi nous cette semaine un volontaire qui était cuisinier en Chine. C’est donc un réel plaisir d’avoir ses idées pour varier le repas. Les anciens sont d’autant plus heureux !
 
Les cuisiniers du jour qui vont nous faire un bon souper
Au même instant démarre les cours d’anglais ! Des volontaires se rendent dans le village d’à côté afin d’enseigner la langue aux enfants. Nous n’avons malheureusement pas eu la chance d’y participer. Notamment car les villageois ont décidé de casser la hutte où se déroulaient les cours afin de la reconstruire un jour ailleurs… On ne sait donc pas en dire grand-chose.
D’autres cours étaient donnés tous les soirs de la semaine aux ados et adultes plus avancés. Ils étaient hyper motivés si bien qu’ils faisaient des kilomètres à moto pour y assister. Certains d’entre eux aiment rester avec nous la soirée afin de pratiquer leur anglais.

Nous avions aussi la chance de suivre un cours, celui de birman ! C’est un patient parlant très bien anglais qui s’est proposé à donner cours aux voyageurs. On va chaque jour le chercher en chaise roulante et lui se donne un plaisir à nous apprendre sa langue. Les cours restent basiques, car il y a des nouveaux venus tous les jours. On apprend à compter et dire quelques phrases utiles. Pas très facile car la langue birmane a des sonorités et des tons que nous n’avons pas en français.
Une phrase étonnante qu’on a appris est « Sa pibi la ? » (en phonétique), ce qui veut dire « As-tu fini de manger ? ». En fait, les birmans disent cette phrase un peu comme quand, nous, on demande à quelqu’un comment il va. Si on n’a pas mangé, il va sans doute te proposer à manger ou t’inviter.
 

Le cours de birman
Et enfin, en plus de toutes ces activités, il y a divers projets tenus par des volontaires plus anciens. On peut y trouver un projet écologique visant à apprendre le tri et le recyclage aux birmans. Pour l’instant rien de très concluant car les villageois n’ont pas la volonté de le faire.
Il y a aussi une équipe pour la communication sur les réseaux sociaux et autres. Et plein d’autres idées que les volontaires apportent au fil du temps.

Après cette journée bien remplie, on se retrouve tous autour du souper cuisiné par nos amis. On enchaine avec le briefing et puis on a quartier libre. On est bien crevé et on va généralement au lit assez tôt. On passe un petit temps tous ensemble pour décompresser de la journée puis on finit par tomber dans nos lits bien chauds.
 

Activité spéciale aujourd'hui, le lavage des citernes
Activité spéciale aujourd'hui, le lavage des citernes
Voilà, nous avons fait « brièvement » le tour. Difficile malgré tout de tout décrire et de rendre compte de l’atmosphère générale, que ce soit avec nos amis, ou avec les patients. La chaleur était vraiment un facteur très pesant tout au long du séjour mais au final, on finit par ne plus y faire attention face à tous les sourires, aux bons moments et à toutes les émotions que l’on ressent pendant le séjour.
Tout le monde vaque à ses occupations, on rencontre des gens tous les jours et on a toujours une anecdote à raconter sur son activité. On finit aussi par avoir nos petites habitudes, notamment avec certains patients : le petit café en fin de matinée avec Nini, passer faire un petit coucou à nos patients avec qui on fait de la kiné, eux qui font toujours les mêmes petites blagues à leurs copains lorsqu’on va prendre le thé ensemble, … C’était aussi l’occasion de s’essayer à de nouvelles choses comme la méditation, ou encore le yoga pour Paul.
Au final, nous avons vécu une expérience extraordinaire et très prenante. On la recommande à tout le monde, à tout moment de sa vie et à tout âge. Cet endroit est un réel modèle d’inspiration … Pas étonnant que certains volontaires décident de rester ici pour un temps indéfini, tout le monde se sent utile.
 
Nini invite tous les jours les volontaires à prendre le café
Une petite madame pleine de thanaka, le maquillage traditionnel
Un garçon handicapé qui aimait bien passer du temps avec nous
Voici une vidéo qui illustre la vie quotidienne des habitants de cet endroit.
Si vous êtes intéressés, le centre est en permanence à la recherche de volontaires et de dons.
 

 
En quittant finalement ThaBarWa, on dit au revoir à notre nouvelle bande de copains. Ce sont des gens du monde entier, UK, Brésil, Portugal, Hollande, Vietnam, Allemagne… et même Chine ! Les adieux ne sont pas trop déchirants car on sait qu’on se retrouvera dans quelques jours afin d’aller tous ensemble à Bagan !
En attendant, nous retournons à Yangon afin de profiter un jour de la clim !
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