La vie nomade chez les Tsataan

Le 18 avril 2019

Première étape : Tsaganuur

De retour à Morön après notre trek le long des berges du lac Khovsgöl, nous atterrissons une fois de plus à la Bata guesthouse. Et une fois de plus, le séjour sera de courte durée. Car nous nous rendons à présent dans la communauté nomade Tsataan d’éleveurs de rennes, quelques 200 km plus au nord-ouest de Morön. Pour préparer notre séjour là-bas au mieux, nous rencontrons enfin Zaya, le contact que nous avons eu via un ami du frère de France-Elise.
Zaya est une mongole de Ulaan-Baatar partie vivre aux Etats-Unis durant son enfance et qui s’est ensuite mariée à un homme de la communauté Tsataan. Aujourd’hui, elle vit donc au sein de la communauté et sert souvent d’intermédiaire avec les touristes et étrangers, grâce à son excellente connaissance de l’anglais.

Grâce à notre rapide entretien avec Zaya, nous sommes enfin fixés. Le départ est prévu pour le lendemain (car la neige est encore trop gênante aujourd’hui). Mais avant ça, il nous faut des cadeaux utiles pour la communauté et des sacs de couchages. En avant donc pour les cadeaux ! Savon, allumettes, crèmes, piles, produits alimentaires, la vodka,… tout y passe ! Les cadeaux, check. Puis on demande à Bata s’il peut nous louer des sacs de couchage. Oui ? C’est bon ? Les megas gros sacs de couchage, check. Nous sommes prêts alors !

En début d’après-midi le lendemain, après une nuit bien chaude puis de plus en plus glacée à l’approche de l’aube (on commence à avoir l’habitude avec les yourtes), le 4×4 Toyota massif du mari de Zaya s’élance finalement, avec Zaya, son mari et nous à son bord. Le trajet en jeep ne nous permettra pas d’arriver directement dans la communauté Tsataan. Il nous permettra en revanche d’atteindre Tsaganuur, dernière « ville » du coin, à quelques 10 heures de route de Morön, d’où nous prendrons d’autres transports.
 

Let's go chez les Tsataans !
Quelques kilomètres de route, puis déjà, l’engin quitte le macadam pour la steppe. Il n’y aura plus de macadam jusqu’à notre retour une petite semaine plus tard. En Mongolie, tout l’espace peut être utilisé comme une route, tant que la voiture qui passe par là en est capable. Les routes font plutôt office d’exception hors des villes. Le 4×4 traverse inlassablement chaque vallée, frayant son chemin sur la steppe interminable et parsemée de neige, traversant les quelques rivières que nous rencontrons et s’arrêtant brièvement pour quelques pauses pipi.
 
Droit devant !
Au-dessus de nous, comme toujours, le ciel est immaculé et le soleil tape fort tandis que nous traversons des troupeaux de yaks et de moutons à cornes. A deux ou trois occasions, un village de maisons en bois apparait au milieu d’une vallée, tandis que des yourtes parsèment ça et là les étendues balayées par le soleil. De petits animaux, des sortes d’écureuils, détalent sur notre passage alors qu’on aperçoit des chevaux galoper au loin. Puis la nuit se met petit à petit à nous recouvrir, ne laissant pour uniques lumières que les phares de la voiture. Heureusement que le mari de Zaya connait le « chemin » comme sa poche !
 
Notre chauffeur, un Tsataan lui-même
Un ovoo, lieu chamanique
Finalement, près de 10h après notre départ de Morön, des lumières apparaissent au loin : voici Tsaganuur ! Il est environ 22h, le mercure est en-dessous de zéro, mais Zaya a été prévoyante : elle a prévenu nos hôtes de notre arrivée tardive. Du coup, un bon feu accompagné d’un repas chaud nous attend dans une petite maison de bois. Au lit maintenant ! Demain soir, ce sera chez les Tsataans que nous dormirons !
 
Tsaganuur

A dada vers les Tsataans

Bien que Zaya nous ait accompagnés jusqu’ici, elle nous remet à présent dans d’autres mains. Tout est organisé et en fin de matinée, une voiture s’arrête brusquement devant notre petite maison. Il s’agit là de notre chauffeur, il va nous conduire à nos chevaux. Car oui, nous allons monter des chevaux, unique moyen de transport permettant de se rendre dans la communauté Tsataan, située au milieu de la taïga. Après une heure de rallye dans les étendues vallonnées (notre pilote serait le grand gagnant chaque année de la course automobile du coin), nous voici déposés devant une yourte, histoire de prendre un thé au lait avant d’enfourcher nos montures pour la suite du voyage.
 

La propriétaire des chevaux nous fait entrer dans sa yourte pour un thé-au-lait
Toute la Mongolie en une seule image
Si Francé a déjà eu plusieurs occasions de faire du cheval en Belgique, Paul est un peu moins aguerri, ayant tout au plus pu monter sur l’un de ces animaux. Pourtant, une fois chacun sur son cheval, notre guide se préoccupe plutôt de Francé, tenant dans sa main la bride de son animal sur le début de chemin, Paul étant laissé sur place, un peu confus sur la manière de conduire cette nouvelle bécane. Heureusement, la dame qui surveillait notre départ lui montre vite fait comment s’en sortir en lui fournissant un long bâton et la monture prend la suite de ses deux congénères, quelques dizaines de mètres plus loin, non sans faire la difficile.
 
On prépare les montures
Le cheval de Paul est à la traine. Hue dada !
Notre guide à cheval
Le paysage était déjà époustouflant en voiture, il l’est encore plus en cheval. Une nature intacte et inviolée s’étend à perte de vue, seulement limitée au loin par des chaînes de montagnes enneigées. Notre trajet dure deux heures dans un calme plat. A l’exception des pas des chevaux et du sifflement mélodieux du guide, on n’entend pas le moindre bruit, nous laissant seuls au monde. C’est juste à couper le souffle.
 
Balade dans la taïga
Deux heures après avoir escaladé nos montures, un renne apparait entre les arbres. Un peu plus loin, c’est un peu de fumée que l’on aperçoit, puis les pointes des tipis qui se confondent avec les arbres. Ca y est, nous sommes chez les Tsataans ! Après deux jours de trajet et 12 bonnes heures à traverser les plaines, nous voici enfin à notre objectif. Les tipis sont disséminés ci et là, sous les conifères qui ont en partie perdu leur épines oranges depuis notre trek au lac Khovshol. On entend des enfants courir dans les bois, une maman occupée à préparer son repas lève son regard vers nous. Qu’il fait calme. Nous y sommes…
 
Notre guide nous conduit dans un premier temps au tipi de Zaya et de son mari mais ils ne sont pas encore là. Leurs deux gros chiens nous réservent néanmoins un chaleureux accueil pendant que notre guide, perplexe quant à l’endroit où il doit nous mener, demande des informations aux voisins.
 
Ici les chiens sont adorables, pas un seul n'aboie
Nous remontons finalement quelques minutes sur nos montures pour rebrousser un peu chemin et nous rendre à un groupe de tipis rassemblés sur une petite crête. C’est dans un tipi en retrait que nous nous établirons finalement pour nos trois nuits au camp, le tipi de Tsetseg, l’adorable et gentille chamane de la communauté, et une de ses nièces.
 
Notre tipi

Les rennes

Difficile de parler de la vie chez les Tsataans sans parler tout d’abord de leurs rennes. Car s’il est une chose qui régit la vie au sein de la communauté, ce sont bien évidemment ces animaux uniques qui leur fournissent leur moyen de subsistance. Chaque jour, les familles tirent le lait de leurs animaux, ce qui permet à chacun de préparer du thé-au-lait à longueur de journée ainsi que du beurre pour d’autres préparations ou pour la cuisson.
 

C'est la mue
Les Tstataans ne tuent cependant qu’exceptionnellement leurs rennes pour la viande, les bêtes étant trop précieuses. La viande qu’ils consomment ne provient donc que de la chasse et est issue d’élan ou d’autres bêtes plus petites du coin. Mais puisque la chasse est interdite par l’état mongol, ils nous diront qu’il s’agit de bœuf donc chuuuut.
 
Même les oiseaux mangent de la viande ici
Dans le but de prendre le meilleur soin de leurs rennes, les familles procèdent en général de la façon suivante : pendant la nuit, tous les rennes sont attachés chacun à un arbre du camp, arbre dont ils sont libérés le matin venu, pour aller pâturer.
 
Libération des mâles pour la journée
Afin d’éviter les accouplements intempestifs, les femelles sont libérées d’un côté de la crête où sont les tipis, tandis que les mâles sont envoyés de l’autre côté de la crête. Et puisque ces derniers ont tendance à courir vite, les Tsataans n’hésitent pas à attacher la laisse de chaque renne à sa patte arrière, obligeant le renne à boiter, ce qui l’empêche de s’enfuir trop loin.
 
Deux pattes sont attachées ensemble pour les ralentir
Pour nourriture principale, les animaux ne se contentent pas de grand-chose, juste de petites pousses de mousses qui pointent le bout de leur nez à certains endroits de la taïga, entre les rochers. Lorsque la mousse se fait rare, c’est qu’il est temps de changer de camp. Leurs gardiens leurs fournissent également parfois un peu de sel, ce qui complète leur apport nutritif. Les rennes étant friands du sel, on comprend donc aisément avec quel plaisir ils lèchent nos mains !
 
Au fur et à mesure de la journée certains rennes reviennent progressivement d’eux-mêmes. On peut voir les jeunes foncer brusquement sur les mamelles de leur mère. Ensuite, les Tsataans ramènent le reste troupeau en fin de journée au milieu du camp. Nous passons donc tout notre temps entourés des animaux, certains à quelques mètres de notre tipi. Et pas des moins bruyants ! Car si les rennes sont en général silencieux, un mâle en chaleur a été attaché à proximité de notre tipi, émettant constamment des sons gutturaux.
 
A force d’être en présence des rennes, on commence à en reconnaitre certain. Dont notamment, une petite jeune aussitôt baptisée Pet-Pet par Francé et devenu notre nouvelle mascotte du voyage !
 
Pet-Pet !
Pet-Peeeet
Pet-Pet encore !

La vie quotidienne

Lorsqu’ils ne s’occupent pas de leurs animaux, la communauté a d’autres tâches auxquelles s’atteler, tâches que nous avons pu aider à réaliser. La tâche principale, après s’occuper des rennes, est sans doute la cuisine. Après avoir été chercher un seau d’eau sous la surface de la rivière gelée et en avoir bouilli son contenu, il est possible de faire du thé ou d’utiliser l’eau pour tout autre tâche. Mais admettons le, les Tsataans ne boivent quasi jamais de l’eau, le thé-au-lait est à peu près leur seul breuvage.
 

Il faut briser la glace de la source gelèe pour faire les réserves d'eau.
Grâce à de la farine qu’ils ont pu obtenir en échangeant leurs produits en ville, les Tsataans cuisinent plusieurs types de pains et pâtes. Une fois l’eau et la farine mélangés, il n’y a plus qu’à cuire des galettes sur le poêle ou à frire le pain dans le beurre de renne pour le tremper dans le thé plus tard. Découpées et mises à bouillir dans l’eau, les galettes constituent d’excellentes pâtes à ajouter au bouillon avec la viande d’élan… euh de bœuf pardon. D’autres produits de la ville comme du riz, des nouilles, du chou ou encore des pommes de terre permettent aussi de varier un peu les plaisirs.

Donc en gros, ici on ne mange que de la viande et on ne boit que du lait. Et pourtant, ils n’ont pas l’air de se porter plus mal que nous.
 

Ce soir : bouillon de pâtes
Outre la cuisine, d’autres activités s’avèrent indispensables, comme couper du bois. On a déjà fait ça aux scouts évidemment, mais ça fait longtemps et on est loin d’avoir une technique aussi bonne que les gens d’ici. C’est donc avec un grand sourire qu’ils nous regardent nous échiner à fendre les bûches qui ont déjà été prédécoupées à l’aide d’une tronçonneuse.
 
Paul coupe du bois
Un petit bonjour d'un visiteur habituel
Si les Tsataans ne bénéficient pas de tout notre confort, ils ne sont pas pour autant sans outils technologiques. Grâce notamment aux panneaux photovoltaïques, ils ont la possibilité pendant la journée de recharger des batteries de voiture, batteries qui leurs permettront ensuite d’alimenter une ampoule le soir ou de pouvoir utiliser un téléphone (portable ou fixe) et une radio. A l’aide de piles, ils peuvent également bénéficier d’autres outils tels qu’une horloge.

Outre ces quelques moyens modernes, le confort du tipi est assez rudimentaire. Contrairement aux yourtes qui sont fortement isolées et conçues pour garder la chaleur, le tipi est ouvert, que soit à son entrée ou en son sommet, ce qui laisse pour seul endroit chaud les alentours directs du poêle. La nuit venue, nous dormons sur un mousse de camp, dans notre sac de couchage, enterrés sous une multitude de couvertures que notre « maman Tsataan », notre chère Tsetseg, prend bien soin de placer afin de nous éviter le moindre coup de froid. En fait, il y a tellement de couvertures qu’on a presque l’impression d’étouffer… mais au moins on a assez chaud pour toute la nuit, alors que la température est négative dans le tipi. Tandis que l’on n’arrive pas à faire le compte de nos couches, Tsetseg, elle, dort uniquement avec un petit plaid… Tranquille.

Les Tsataans ne parlant pas anglais, on essaie de se faire comprendre tant bien que mal. Mais pas de soucis pour Tsetseg qui nous apprend des petits mots mongols et ne fait que rire et sourire.
« Tiiiaaaa ? » nous demande-t-elle chaque matin avec sons regard bienveillant. « Non, ne te tracasse pas Tsetseg, on n’a pas eu froid cette nuit, mais toi alors ? »

Nous apprenons aussi que Tsa, veut dire renne et que par conséquent, Tsataan signifie tout simplement éleveur de rennes.
 

Dans le tipi
Tsetseg cuisine
Grosse sieste
Puisque le tipi est ouvert toute la journée, les visiteurs sont réguliers et nombreux. La plupart du temps ce sont des Tsataans venus boire une tasse de thé au lait, mais parfois, ce sont aussi des petits oiseaux venus picorer ou des chiens en recherche d’un peu de nourriture. On se croirait parfois dans un Disney où Tsegtseg serait la princesse qui attire les doggos et les animaux de la forêt.
 
Un visiteur sur le pas de la porte
Enfin, dans la vie des Tsataans, il faut faire ses besoins dans la nature. Pas de toilettes ici ou rien qui y ressemble ! Au final on n’a jamais vraiment compris où ils allaient faire leurs besoins. Pour ce qui est des douches, on ne sait toujours pas s’ils en prennent… en tout cas, nous n’en prendrons pas pendant les quelques jours où nous serons là.
 
Si les rennes sont une particularité des Tsataans, il y a une autre particularité importante à souligner. Il s’agit d’une communauté nomade, qui déplace plusieurs fois son campement sur l’année. D’après ce que nous avons pu comprendre, ils effectuent 3 migrations et nous avons eu l’occasion d’assister à l’une d’entre elles lors de notre dernier jour ! En effet, à notre arrivée, le camp était situé à un emplacement temporaire de mi-saison, juste avant de rejoindre le campement d’hiver afin d’affronter les conditions glaciales de la mauvaise saison. Nous les avons donc aidés pour le grand déménagement.
 
La migration vers le camp d'hiver
Et ça va vite un grand déménagement par ici ! En quelques heures, le tipi est démonté et son contenu chargé sur les rennes tandis que ceux-ci fléchissent les pattes au fur et à mesure que leur charge augmente. Tout y passe : les toiles du tipi, les couvertures, le garde-manger, le poêle, et même nos gros sacs-à-dos sont chargés sur les animaux !
 
La migration vers le camp d'hiver
La migration vers le camp d'hiver
La migration vers le camp d'hiver
Au final, cinq rennes suffisent pour tout charger et sur le coup de midi, notre convoi se met en branle pour rejoindre l’autre camp, situé à seulement 30 minutes de marche, sur la crête de la colline d’en face. Seule reste la structure en bois du tipi pour la saison prochaine.
 
Nos sacs sont prêts eux aussi !
La migration vers le camp d'hiver
La migration vers le camp d'hiver
La migration vers le camp d'hiver
Une fois arrivés de l’autre côté, nous retrouvons la structure en bois de l’ancien tipi, laissée là depuis l’année passée, et c’est rebelote mais dans l’autre sens ! Cette fois, Tsetseg pourra même profiter d’une petite couchette en rondins qui l’attend pour l’hiver.

La toile du tipi n’allant pas jusqu’au sol et laissant échapper plein de courants d’air, Francé demande perplexe comment ils font lorsqu’il fait -40 degrés. Ben la neige voyons …! Une fois assez épaisse, elle bloque les parois et sert d’isolant comme dans un igloo.
 

La migration vers le camp d'hiver
Et on remonte le tipi !
Et on remonte le tipi !
Certaines familles ont profité de l’été pour construire de vraies maisonnettes en rondins de bois. Vu qu’ils viennent ici chaque hiver, ils peuvent se permettre de prévoir pour le long terme. Il parait que des toilettes couvertes étaient en cours de construction.
 
Une maison en rondins construite sur le camp d'hiver
Notre séjour touchant à ses ultimes instants, il nous est donné l’opportunité de monter chacun à notre tour un grand renne blanc. Pas facile… surtout que les selles sont beaucoup moins stables que celles des chevaux et que l’on est bien plus proche du sol (surtout Paul avec ses grandes jambes). Sous notre poids, comme pour les charges de la migration, le renne fléchit des pattes, de telle sorte qu’on a l’impression qu’on va le casser en deux. Pauvre renne.
 
Un paradis pour les enfants
Enfin, dans l’attente de notre cavalier qui vient nous rechercher avec ses chevaux, nous prenons un dernier casse-croûte avec nos hôtes : de bonnes tranches de pain, couvertes de beurre de renne et de sucre ! Miam ! Ca a un petit goût de Roquefort mais c’est bon !
Au revoir maman Tsetseg ! A bientôt !
 
Les visites quotidiennes
Du pain cuit sur le poelle avec du beurre de renne

3 jours vers Ulanbaatar

Notre guide et ses chevaux arrivent finalement et une fois nos sacs chargés, il est temps de rentrer à Tsaganuur. On offre quelques cadeaux en remerciement et on dit au revoir après une petite vodka. Nous laissons derrière nous une expérience unique et magnifique, perdus que nous étions au bout du monde. Ce fut un grand coup de cœur. On part avec un petit goût de trop peu, cet endroit s’ajoutant à notre liste des « On reviendra ».
 

Dernière petite photo avec nos adorables hôtes
Malgré tout, une bonne nuit de sommeil sur un vrai lit nous fera le plus grand bien ! Pour la douche, il faudra attendre le retour à Ulaan-Baatar.
A Tsaganuur, arrivés en fin d’après-midi, nous nous écroulons finalement après un bon souper. Demain, c’est grasse-mat ! Le van vers Morön ne démarre que fin de journée.
 
La plus grande ville de la région : Tsaganuur
La plus grande ville de la région : Tsaganuur
Le lendemain, puisqu’il reste du temps à tuer avant l’arrivée du van, nous en profitons pour nous promener dans Tsaganuur et pour nous émerveiller une fois de plus devant la singularité des villes/villages mongoles. Pas une seule route, juste de la steppe entre les maisons aux toits colorés. Des yaks se promènent dans le village, tandis qu’une station essence prend le soleil au milieu de nulle part. Tout cela n’en finit pas de nous étonner.
 
La plus grande ville de la région : Tsaganuur
Alors que la journée touche à sa fin, enfin, un vieux van soviétique, un UAZ-452, s’arrête devant notre baraque. Hop, on bourre les sacs dedans, on va s’asseoir sur l’une des banquettes puis le van va chercher les derniers voyageurs.
 
Les fameux UAZ
Vers 19h, c’est parti pour douze heures de trajet de nuit à travers la cambrousse ! Notre chauffeur n’a pas de temps à perdre et on se retrouve ballottés dans tous les sens, à sauter de notre banquette, serrés les uns aux autres. Pour faire simple, imaginez-vous à trois sur une banquette de bus, de nuit, à 50 km/h dans un champ et à traverser des gués. C’est plus ou moins ça.

On a un peu peur de se sentir mal mais ça va encore. On n’ose pas imaginer ce que ça aurait été si nous avions été sur la banquette d’en-face qui tourne le dos au sens de marche. On ne comprend d’ailleurs pas comment les gens qui s’y trouvent se sentent si bien. Ils rigolent à tout va, tandis qu’un homme saoûl qui y est installé n’arrête pas de nous faire des sourires et d’essayer de nous parler.

La nuit avance et notre chauffeur stoppe parfois le véhicule littéralement au milieu de nulle part, où quelqu’un nous attend devant une yourte. C’est à se demander comment ils s’y retrouvent dans cette nature immense.
 

C'est exactement ça ! (photo www.roundsquareadventures.com)
Vers minuit, il est temps de faire un arrêt prolongé à côté de quelques yourtes : c’est l’arrêt souper. Cool ça parce qu’on commençait à avoir faim. Une bonne grosse ration de nouilles mongoles, un thé, un pipi, et puis c’est reparti ! Mais cette fois, la fatigue se fait sentir. Tout le monde commence à dodeliner et à s’endormir tant bien que mal. Alors que Paul se couche sur ses genoux, son voisin se couche sans scrupule sur son dos… Ils ne sont pas gênés les mongols… Le chauffeur aussi fatigue et il n’hésite pas à arrêter régulièrement le van, couper le contact et faire des siestes de 15 minutes à 1h.

Vers 5h du matin, c’est la fin du calvaire. Le UAZ-452 tout branlant s’arrête devant la Bata Guesthouse de Möron où Bata nous attend. Il a veillé sans doute une partie de la nuit en nous attendant et nous a préparé des matelas. Aussi sommes-nous vraiment désolé de lui apprendre que l’on compte enchaîner et prendre le bus de 6h du matin de Möron à Ulaan-Baatar.

Nos sacs sur le dos, c’est donc reparti. Après avoir traversé la ville en faisant attention de ne pas croiser de chiens (souvenez-vous, les chiens sont dangereux la nuit), nous prenons notre mal en patience à côté de la station-service et de la station de bus, dans le froid glacial. Puis le bureau ouvre, nous achetons nos tickets, et nous installons dans le car. C’est reparti pour encore 12h de bus, seulement deux heures après avoir quitté le van. Mais au moins, c’est le dernier. Après ces 3 jours de transports depuis chez les Tsataans, c’est Ulaan-Baatar où nous resterons deux semaines pour bien récupérer, faire des excursions, faire nos paperasses et visas… et pouvoir enfin reprendre des douches (froides) !

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