Le ferry vers Maumere, rien de plus local

Le 28 avril 2018

(Les photos ne sont pas super, mais ce n’était pas facile d’en prendre sans déranger les gens.)

De retour à Makassar après notre virée en pays Toraja, il est clair que notre nouveau séjour dans la grande ville sera court cette fois.
Arrivés vers 16h, nous devons être à 4h du matin à l’embarcadère du ferry direction Maumere, soit deux heures avant son départ. Nous nous dépêchons donc de faire ce qui est nécessaire avant de quitter l’île de Sulawesi (courses de nourriture et tutti quanti car le trajet va durer 17h !) puis on file dormir à notre précédent hôtel. Heureusement, notre chambre n’est plus celle de la fois passée et sent bon 😉

Quelques heures seulement plus tard, il est déjà temps de se lever… 3h du matin, on enfile nos vêtements, tant bien que mal. Nous rangeons nos dernières affaires, mettons nos sacs sur le dos puis nous dirigeons vers l’embarcadère environ 1km plus loin. L’occasion de croiser ces dames de la nuit qui nous font de grands signes dans leur petite tenue. Coucou aussi !
L’embarcadère est tout aussi endormi que nous et on n’est pas sûr d’être au bon endroit. Il y a juste quelques personnes et marchands ambulants à moitié endormis dans un parking souterrain tandis que le marché juste au-dessus du parking est aussi endormi. Un port en pleine nuit, c’est bien glauque
On note une sorte de comptoir et le chemin vers le terminal à côté du marché mais il est fermé pour l’instant. Une dame qui baragouine un peu l’anglais nous demande où on va et nous confirme que nous sommes au bon endroit. Elle-même attend un autre ferry. Par contre, notre ferry serait sacrément en retard et partirait à 13h au lieu de 6h… Apparemment les autres personnes étaient au courant puisqu’on est pratiquement les seuls sur place. Va pour 9h d’attente alors (bien qu’il ait été possible de retourner à l’hôtel pour attendre plus confortablement, on était pas sûr d’avoir compris, donc on préférait attendre pour être sûr de ne pas louper le ferry).
 

On patiente dans le terminal/marché durant la nuit
Tandis que les muezzin chantent la prière de 5h, les gens arrivent au compte-goutte, soit pour notre ferry, soit pour d’autres. Les propriétaires des étals du marché quant à eux se lèvent de derrière leur comptoir, se lavent et se brossent les dents grâce aux bassines qui récoltent l’eau de pluie, puis réarrangent leurs produits sur les étalages. Et le temps passe, le jour se lève doucement et le soleil se fait de plus en plus chaud à mesure que midi approche. On s’occupe comme on peut, on se prend un café ou un thé de temps en temps. Des gens sont maintenant assis partout avec des caisses de bagages et notre petite dame qui nous a indiqué que notre ferry était en retard part finalement avec son ferry, le comptoir du terminal étant à présent ouvert.

Alors qu’il est presque midi, nous faisons connaissance avec une jeune indonésienne très bavarde qui nous explique qu’elle prend le même ferry que nous et qu’elle va aller faire bientôt des études en Allemagne pour devenir médecin. Rien que ça ! Elle est un peu excentrique et speed mais surtout très gentille : elle va rencontrer un peu tout le monde pour faire copain-copain. Ça nous fait plaisir d’avoir quelqu’un qui parle indonésien et anglais, et qui du coup pourra nous aider de temps en temps.

Vers 13h, nous sommes enfin autorisés à rejoindre le terminal pour un nouveau round d’attente. Au moins, il y a la clim ! Aux alentours de 17h, notre énorme ferry arrive enfin, avec environ 11h de retard.
 

12h d'attente au chaud
L’embarquement commencé, tout le monde se presse dans la file en jouant des coudes. Les filles sont séparées des garçons dans la file pour valider les tickets séparément (Pourquoi ? Aucune idée car il n’y a même pas de fouille au corps).

Une fois de nouveau ensemble, nous rentrons enfin dans le grand ferry, un monde totalement à part. A peine à l’intérieur, nous réalisons assez rapidement que les « places » qui nous sont attribuées sur les tickets ne servent pas grand-chose. En effet, ici, c’est premier arrivé premier servi ! On peut dire que les couchettes sont limitées, d’autant plus qu’il y a déjà des gens à bord qui viennent des escales précédentes.
Dès l’entrée, les couloirs sont jonchés de personnes s’étant établies là pour la durée du trajet, à l’aide d’une carpette, d’un matelas récupéré d’une couchette ou autre. Des personnes voyageant seules parfois, des familles entières parfois, des personnes âgées aussi. Tout le monde se jette avec ses bagages sur le premier morceau de couloir dégagé, même dans les escaliers ! Tant qu’il y a toujours un passage au milieu pour marcher, c’est bon. Vite résignés, nous nous mettons en quête d’un morceau de couloir similaire où passer la nuit.
 

Il y a des gens partout ! Tout le monde nous regarde
Les lits bondés
Le bateau est immense, du deck 2, dans les bas-fonds du navire, au deck 8, avec les accès au pont supérieur. Il peut accueillir 2000 personnes, mais après avoir discuté avec des gens nous comprenons que nous sommes au moins 4000. L’air est confiné et malsain, partout flotte un gros brouillard de cigarette. Imaginez l’odeur, on sent que la moitié des personnes est ici déjà depuis plus de 24h.
 
Les familles sont même dans les couloirs et les escaliers
Afin d’avoir de l’air, on pense s’installer sur le pont. Mais nos affaires à peine déposées, déjà des gouttes commencent à tomber. Pour dormir dehors, c’est loupé. Francé part donc en reconnaissance dans tout le bateau (attention de ne pas se perdre !) afin de trouver un endroit mais elle revient bredouille et très oppressée par les regards insistants des hommes du bateau. Ça s’annonce mal… Paul part ensuite en reconnaissance aussi et finit par trouver dans le fin fond du bateau, au deck 2, un petit couloir encore non occupé. Vite, vite, on y file ! L’endroit est couvert de traces de cendres de cigarettes et de crottes d’insectes, mais au moins, il n’y a pas encore trop de monde et la clim donne juste dessus. On s’y assied par terre, on délimite notre territoire puis on attend. On teste les toilettes, vu leur état, une seule fois suffira… C’est parti pour 17h !
 
Tout est crasseux, voici notre petit espace
On s'installe dans le petit coin, bien crevés. Derrière une dortoir où les gens sont la depuis plus de 24h, ça sent pas très bon...
Vers 18h, soit une heure après avoir embarqué, le navire se met finalement en branle. Et une fois tout le monde installé, le microcosme prend vie sur le bateau. Si pour nous, un ferry est un moyen de transport, pour certains indonésiens, c’est un endroit pour faire des affaires. Durant toute la durée de notre traversée, des marchands ambulants passent dans notre couloir toute les 2-3 minutes, vendant de tout et de rien. Certains vendent du poulet frit, du riz, des snacks, certains vendent des cafés/thés, certains des carpettes pour se coucher, certains des vêtements (pour adultes, pour enfants), d’autres des bijoux (avec des chapelets et icônes chrétiennes), d’autres encore des baffles (fonctionnant à fond pour bien vendre leur marchandise). La liste d’objets en vente est longue et impressionnante. Les indonésiens sont aussi très surpris de voir des boulés (« touristes » en indonésien) dans le ferry et ouvrent des yeux comme des soucoupes en nous voyant parfois sillonner les couloirs. Entre « Hello Mister ! » et « Boulé ! », quand des dortoirs entiers de personnes vous fixent en permanence, ça met mal à l’aise. Nous nous limitons donc à notre petit couloir tranquille et à nos voisins directs, quelques petits djeuns.
 
Les vendeurs tournent en rond, ici un vendeur de café
Le soir approchant, un repas est prévu pour la traversée dans le prix du ticket. Paul part donc faire la file pour récupérer le souper sous les centaines de regards fixes des familles indonésiennes des couloirs et dortoirs. On a droit à du riz blanc, six petites fèves et une tête de poisson. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus appétissant mais heureusement, on avait prévu le coup et on a plein de nourriture.
Afin de faire passer le temps plus vite, nous nous sommes fixés de ne pas dormir avant au moins minuit mais au final, vers 22h, on tombe de fatigue et on s’installe tant bien que mal dans nos sacs à viande, serrés l’un contre l’autre pour ne pas être dans le chemin des vendeurs ambulants.
 
La barquette du souper, miam
Malgré le sol dur et les allers et venues continues des gens, nous passons une nuit relativement bonne, si ce n’est le réveil à 5h du matin par le vendeur de baffle qui vient s’installer à côté de nous, sa sono à fond avec des néons multicolores. Francé le fait partir de son regard le plus noir et nous somnolons encore une petite heure avant de nous réveiller pour de bon, le bassin un peu en compote. Pour une fois, on accepte de prendre un café à un petit vendeur et nous passons les quelques dernières heures à attendre, nos affaires dûment empaquetées. Sur le coup de 10h finalement, nous arrivons enfin à Maumere !
 
Notre petit camp
Une fois le bateau à quai, les gens se pressent, se poussent dans les couloirs pour sortir et des échauffourées éclatent presque entre les déchargeurs du bateau et les voyageurs. Un homme de la sécurité tente de gérer tout ce monde, mais impossible. Les gens se bousculent comme des fous. On finit par émerger enfin du bateau ! On l’a fait !
Le quai est plus parsemé et nous arrivons à l’entrée du port. Là, c’est une véritable haie d’honneur d’hommes qui nous attend, presque chacun nous proposant un transport en moto, en voiture ou quoi. C’est une fois de plus super oppressant mais on trace notre chemin et regardant droit devant nous et finissons par arriver sur la route.
 
On a passé 17h dans ce bateau et on n'en peut déjà plus alors que d'autres personnes en ont pour 48h !
Les porteurs poussent tout le monde
Le bateau arrive à Maumere, c'est l'attraction !
Bien que nous ayons réservé dans l’un des seuls hôtels de la ville, vu le retard de notre ferry, la nuit que nous avons réservée est écoulée. Mais on a quand même bien besoin de récupérer et donc on choisit de rester tout de même une nuit à Maumere. Après avoir été voir le logement suggéré par le guide (qui s’est avéré plus cher et moins bien que l’autre), nous allons vers l’hôtel que nous avions réservé et expliquons que le ferry a eu 12h de retard. Pas de soucis, ils nous proposent une chambre et nous nous y posons enfin. Une bonne bonne douche, un petit dîner puis à la sieste ! Comme ça fait du bien ! Le soir venu, nous irons finalement prendre un bon souper sur le marché de nuit de Maumere avant de nous écrouler à nouveau dans notre lit.
 
Le marché de nuit de Maumere
Le lendemain, il est enfin temps de continuer notre voyage. Mais une mauvaise nouvelle survient : Paul ne trouve plus son portefeuille qui était dans la poche fermée de son short ! On retourne tout, plus d’une fois, on déplace les meubles de la chambre, mais pas moyen de mettre la main dessus… Dedans, sa carte visa et son permis de conduire national (un chouette permis encore en papier). Nous contactons donc rapidement la maman de Paul pour qu’elle fasse bloquer la carte de crédit (car bizarrement il impossible d’appeler la banque depuis l’Indonésie). Ouf c’est fait ! On devrait s’en sortir sans carte visa sans trop de problème car on a aussi une MasterCard. C’est un peu plus embêtant pour le permis de conduire (il faut le permis international et national normalement pour conduire). Au pire Francé a les siens.

Maintenant que la carte est bloquée et une nouvelle commandée, en route sur l’île de Florès et vers la belle plage de Koka Beach, à Paga !

1

Répondez à Mamoune Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.