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Petit périple de Pékin à Ulaanbaatar

Le 18 novembre 2018

Il ne reste plus que quelques jours sur nos visas chinois et il est donc plus que temps de penser à quitter le pays. Bien que des tickets de trains existent pour relier directement Pékin à Ulaanbaatar, ils sont très onéreux. Une façon de faire plus longue mais bien meilleure marché et surtout bien plus intéressante, est de faire le trajet de Pékin à la frontière en trains locaux puis de traverser la frontière en voiture, avant de remonter dans un autre train local, de l’autre côté. C’est l’option que nous avons choisie !

Notre périple jusqu’à Ulaanbaatar se déroulera dès lors de la manière suivante : une journée de train jusque Jining dans la province chinoise de Mongolie Intérieure avec nuit sur place, puis une journée de train jusque Erlian du côté chinois de la frontière avec nuit sur place, traversée de la frontière, puis train de nuit jusqu’à la capitale mongole. C’est bon, vous avez suivi ? Alors en route !
 

Départ de Pékin

De Beijing à Jining

Puisque les tickets des trains partent très rapidement, nous n’avons pas pu nous procurer des places assises mais uniquement des tickets « Standing ». Il nous faut donc attendre que des passagers descendent du train pour prendre leur place. Pas grave. Comme les autres « Standing », nous trouvons donc un coin tranquille pour nous poser (en fin de train), et nous asseyons sur nos sacs pour le début du voyage.

Des étrangers dans le train de Pékin à Jining, ça n’a pas l’air d’être une chose très courante. De nombreux regards se posent régulièrement sur nous et tout le monde semble très curieux quant à notre présence. Certains tentent de lancer une discussion, mais sans parler chinois, c’est quand même peu évident pour nous. Heureusement, une petite madame assise sur la banquette à côté de Paul parle anglais et commence donc à converser avec lui. Elle et le reste des voyageurs en fait, car ces derniers utilisent la pauvre dame comme interprète pour poser toutes leurs questions. D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? Ils ne parlent pas chinois ? Que parlent-ils ? Sont-ils américains ? (quand on est étranger, on est presque toujours américain) Sont-ils mariés ? Pourquoi n’ont-ils pas encore d’enfants ? De son côté, Francé doit faire face au regard captivé d’un homme qui scrute son smartphone et son livre durant une bonne partie du voyage. Ne parlant pas anglais, on se demande bien ce qu’il pouvait bien regarder dans la grosse brique qu’elle lisait.
Finalement, juste avant de quitter le train, la dame nous donne son numéro WeChat en nous demandant de l’appeler si nous avons le moindre problème. Décidément, les gens sont tout de même adorables !
 

Par terre avec nos places Standing
Par terre avec nos places Standing
Entre deux conversations, nous pouvons également en profiter pour observer le paysage qui défile par la fenêtre. Après les buildings de Pékin, le paysage devient plus agricole et montagneux dans un premier temps, avant de s’assécher progressivement tandis que le train remonte vers le nord. Ce sont alors des usines et des industries en tout genres, bordées de quartiers ouvriers, qui longent la voie de chemin de fer. A la nuit tombée, le train arrive finalement à notre première étape : Jining, petite ville de Mongolie intérieure.
 
A la sortie du train, c’est le choc ! Il fait frais ! Un petit pull est même à peine suffisant à cause du vent froid et des 5°C. Waw, ça change. C’est donc officiel, dorénavant, il fera froid. Grisés par le vent, nous sommes tout heureux en sortant de la gare. On souffle de la buée en respirant. Comme ça fait plaisir après ces 11 mois de transpiration !
 
Il fiat froid, ENFIN !
Bon, trouvons un endroit où dormir maintenant. Apparemment, d’après les blogs que nous avons lu, il y aurait l’embarras du choix pour les logements à proximité de la gare. Cependant, il y a un hic. Une fois de plus, ils n’acceptent pas les étrangers. Jining est une ville peu fréquentée par les touristes et les hôtels ne prennent donc pas la peine de s’occuper de cette paperasse.
Un hôtel, deux, trois, quatre, cinq,… Partout où nous allons, nous nous faisons remballer aussi sec, parfois même à peine le seuil franchi par de grands gestes pour que nous rebroussions chemin « Pas ici ! Pas d’étrangers ! ».

Progressivement, on devient agacés, c’est quand même terrible qu’aucun endroit ne puisse nous accueillir, pas même des chaînes d’hôtels. Certains renvois désagréables comme si on était des malpropres nous dépitent encore plus. Avec tout ça, l’heure tourne et la nuit est bien tombée. De tous les endroits où ça aurait pu arriver durant le voyage, il fallait que ça tombe là où il fait froid ! Ailleurs on aurait pu envisager de dormir dehors sans problème, mais ici pas possible vu la température.

En demandant conseil aux réceptionnistes, la plupart nous indique le Yingshan Hotel pouvant apparemment accueillir les étrangers. Bon ben allons-y, pas le choix. Arrivés sur place, nous demandons donc une chambre au comptoir mais une fois de plus, et malgré toutes les indications des autres hôtels, nous nous faisons refuser. « Désolé, nous n’acceptons pas les étrangers ». Mais enfin, tous les autres ont dit que c’était bon ici ! Non, c’est non. Nous essayons encore d’autres hôtels et commençons à désespérer.

Au final, un autre hôtel nous est indiqué par deux jeunes filles, le Wulanchabu Hotel. « Prenez le taxi, ça coûte 5 yuan, et voici l’adresse ». Oui mais on n’a pas envie de se retrouver une énième fois jetés dehors… Grâce à Google translate, on demande aux filles d’appeler l’hôtel pour confirmer ce qu’elles disent. Ouff c’était bien juste et elles préviennent même l’hôtel de notre arrivée. Merci !

Quelques yuans pour le taxi et nous arrivons dans un grand hôtel presque luxueux selon nos critères. Cette fois, c’est la bonne, après presque 2h de recherches. Par contre, la chambre sera bien plus chère que d’habitude… Francé râle au milieu de tout ce luxe ! 😉
 

Francé boude ;-)
Avec tout ça, nous n’avons toujours pas eu le temps de manger. Il est près de 21h lorsque nous sortons faire un tour des environs pour dénicher un restaurant à quelques tables. Comme d’habitude, tout est en chinois. Allé, une soupe au pif qui a l’air bonne et une bière dans le frigo, ça va nous faire du bien après tout ça ! Sauf que… la soupe qui avait l’air bonne en photo est en réalité aux viscères et la bière n’en est pas une, mais plutôt un liégeois (grenadine mélangée avec du soft). Décidément, ce n’est pas notre jour… D’autant plus que le patron nous remet une soupe lorsqu’on lui affirme qu’on aime bien. Ça nous apprendra. Heureusement les hôtes sont ravis de notre venue (des blancs ici ?!), ça nous remonte le moral de les voir tout heureux de nous accueillir.
Après une dernière cuillère de viscères élastiques, au lit dans notre méga confort. Demain, on a buffet petit-dej compris !
 
Un bonne soupe de viscères pour se réconforter

De Jining à Erlian

Train suivant, c’est vers Erlian, à la frontière ! Pendant que Francé va faire les courses, Paul se fait aborder par un monsieur en attendant à la gare. Le monsieur insiste pour lui passer une cigarette, bien que Paul ait bien tenté de lui expliquer qu’il ne fume pas. Bah merci quand même.
 

Cette fois aussi nous avons des places « Standing », mais le train est bien plus parsemé de telle sorte qu’il y a toujours une place de disponible pour chacun de nous.
 
Deux jeunes filles intriguées viennent regarder Francé triant les photos du prochain article de la Bougeotte. Elles hésitent, puis se lancent et nous parlent avec un peu d’anglais. Comme leur arrêt est proche, elles proposent à Francé de prendre leur WeChat pour continuer la conversation. Francé toute amusée répond aux nombreuses questions des écolières. « Tu veux bien être notre sœur ? » « Tu connais la capitale de la Chine ? ».
 
Comme hier, le paysage défile et devient de plus en plus sec. Car à Erlian, nous serons dans le désert de Gobi ! La brousse se parsème, les maisons se font plus isolées, les cailloux plus apparents et le sol plus dégarni. Des troupeaux paissent ça et là tandis que quelques villes ouvrières apparaissent parfois au milieu de nulle part.
 
Le ciel est d’un bleu marqué et constellé de petits nuages. Un train nous croise, transportant des tanks de l’armée chinoise. Il n’y a pas à dire, le paysage est fascinant. Quand ce ne sont pas des tanks, ce sont des toilettes perdues au milieu de la steppe. Puis, nous voyons… des troupeaux de chameaux ! Gros zoom, vite des photos ! Trop bien !
 
Les toilettes perdues
Nos premiers chameaux !
Le soleil se couchant, notre train ralentit enfin en gare de Erlian, ville frontière connue pour les nombreux vestiges et ossements de dinosaures qui ont été retrouvés dans les environs. C’est étonnant, après toute ce début de traversée du désert de tomber sur une ville ici, au milieu de nulle part. Il fait tout aussi froid qu’à Jining, mais cette fois, on a préparé nos bons pulls.
Pour éviter la mauvaise surprise d’hier, nous avons réservé un petit hôtel. Mais pas de soucis ici, la ville étant frontalière, de nombreux hôtels sont ouverts à tous.
Une bonne soupe chaude de nouilles au goût de pain d’épice dans un établissement du coin et enfin une vraie bière, puis au dodo car demain, nous passons la frontière !
Sur le chemin vers l’hôtel, une jeune fille nous souhaite « Welcome in China ! » Plus pour longtemps !
 
Erlian, la ville aux dinos

Passage de la frontière chinoise vers la Mongolie

Jour-J ! Aujourd’hui, nous quittons la Chine ! D’un certain côté, ça nous soulage un peu ; plus de foules, de problèmes de logements, ou de zones touristiques ressemblant à Disneyland. D’un autre côté, c’est une page de l’Asie qui se tourne, l’Asie « chaude », l’Asie aux baguettes et l’Asie de bien d’autres choses. Maintenant, place à la Mongolie !

Pour traverser la frontière, nous nous rendons à l’une des places de la ville où vieilles jeeps soviétiques et minivans japonais croulants attendent leur lot de marchandises et de passagers pour effectuer le transfert. Difficile de faire le tri dans tout ça. Heureusement, un monsieur mongol parlant un anglais parfait nous donne un coup de pouce et demande un peu à gauche à droite qui a de la place pour nous. C’est bon, c’est arrangé, nous ferons le trajet en minivan (c’est moins cher). En avant !
 

Les jeeps passant la frontière
Notre van pour passer la frontière
Quelques kilomètres et nous voici débarqués à l’émigration chinoise. Une décoration d’arc-en-ciel surmonte un globe au milieu d’un jardin, le tout sous le soleil bleu immaculé. Nous, on suit le troupeau. Première personne, deuxième,… C’est notre tour. Tandis que ça a pris 2 minutes pour chaque personne devant, ça dure un peu plus pour nous, l’agent regardant avec ses sourcils froncés notre passeport. A part des passeports mongols et chinois, il n’y a pas grand-chose d’autre ici. Francé passe finalement, puis Paul aussi. C’est bon ! Tout le monde remonte dans le van et nous traversons le no-man’s land pour se faire arrêter une dernière fois à la limite des deux territoires. Les soldats chinois jettent un œil aux tampons dans les passeports, par la fenêtre du van. Quand ils réalisent que nous sommes belges, nous avons droit à un « Hazard ! » venant du cœur d’un soldat armé. Le football traverse bien les frontières, pas besoin de visa.
 
La frontière Chine - Mongolie
Le prochain arrêt, c’est l’immigration mongole. Sauf qu’il y aurait une coupure de courant du coup les voitures s’accumulent devant la barrière barrant la route menant à la Mongolie. Pas grave, c’est l’occasion de discuter. Un de nos compagnons de route parlant un peu anglais nous demande d‘où on vient. Il nous apprend au fil de la discussion qu’il est mongol et qu’il est déjà allé en Belgique et en Europe. « Ah oui ?! » « Oui, je fais partie de l’équipe nationale de pétanque de Mongolie » Ah ça, on n’aurait pas pu le deviner tout seuls !
 
En attendant de pouvoir passer le poste frontière mongol
20 minutes plus tard, on passe la barrière. Rebelote. Francé passe sans soucis avec son visa, mais la dame demande à Paul de se présenter au bureau de l’immigration, une porte sur le côté. Il s’y rend, toc, ouvre la porte, mais il n’y a personne. Il le signale alors à la petite dame qui dit que tant pis, c’est bon alors, il peut passer. Okééé ! C’est toujours bien l’Asie quand même.
 

De Zamiin-Uud à Ulaanbaatar

Un dernier trajet avec le minivan et nous sommes à Zamiin-Uud, première ville de Mongolie !
 

La gare de Zamiin-Uud
Un retrait d’argent mongol bien frais et nous nous rendons à la gare juste à côté pour acquérir nos tickets de train pour la nuit vers Ulaanbaatar. Puis c’est l’attente. Car le train ne part qu’en fin d’après-midi et il est seulement midi. Heureusement, le soleil brille bien fort et il fait super bon. Va pour une sieste au soleil alors. Pendant que Paul fait dodo, Francé en profite pour coudre les derniers drapeaux sur son sac-à-dos.
On regarde l’animation sur la place centrale de la ville, les vendeurs de rue, les gens qui arrivent au compte-goutte pour prendre aussi leur train. Paul part se balader et faire les courses pour le souper dans le train. Première supérette mongole !
 
Un vendeur de kebab est également situé juste en face de la gare. Cool pour le dîner ça. Un étranger vient même nous retrouver pour discuter. Il est américain et vit ici dans le cadre d’un programme à l’étranger. Ca fait quelques mois qu’il vit ici et il sait donc un peu comment ça se passe. Il nous donne quelques mots en mongol et des habitudes à prendre. « Bayerschlah ! » ainsi (ce qui pourrait être une version phonétique approximative de merci en mongol…).
 
Un bon kebab à viande mongol
En fin de journée, notre train nous attend finalement. Et pas n’importe lequel ! Car nous montons dans un train parcourant la ligne du Transmongolien !
 
Notre train !
Notre train !
Comme les trains chinois, notre wagon est « ouvert », un open-space pour lits, avec des petites cloisons pour faire des compartiments. Mais alors que les trains chinois avaient 2 colonnes de 3 lits superposés par compartiment, ici c’est uniquement 2 lits superposés qui se font face. Une autre rangée de lits superposés se trouve côté couloir, le long des fenêtres.
C’est là que nous dormirons, du côté couloir, en haut et en bas. Le lit du bas est une table et deux sièges qui se transforment en lit, donc on peut profiter un peu de s’asseoir pour l’instant. Et profiter du superbe coucher de soleil, tandis que le train s’élance toujours plus vers le nord. Nous avons droit à du café gratuit et nos voisins nous filent plein de morceaux de saucissons et de pâtisseries. Trop sympa ! C’est comme ça en Mongolie, tout le monde partage ce qu’il a, et il y a toujours des quantités industrielles.
 
Les trains mongols (et russes aussi)
Les trains mongols (et russes aussi)
Par la fenêtre, on aperçoit nos premières yourtes mongoles alors que le train s’arrête parfois au milieu de nulle part, là où il y a un bâtiment en pierres, pour accueillir quelques personnes avec leurs lampes de poche dans la nuit. C’est ça aussi la Mongolie.
 
Allé, au dodo sur nos banquettes et à demain à Ulaanbaatar pour de nouvelles aventures dans un nouveau pays !
 

Détails pratiques pour les voyageurs à petit budget :

Au moment d’effectuer ce voyage, un ticket de train Beijing-Ulaanbaatar coûtait 250€, ce qui est une grosse somme. Ce voyage de 3 jours nous a fait économiser 200€ chacun, logement compris !
(Il existe aussi un bus bon marché reliant Beijing à Erlian. Préférant cette petite aventure de 3 jours, nous n’avons pas pris d’info à ce sujet)
Voici en détail nos dépenses pour deux personnes :

  • Train Beijing – Jining, classe « Standing » : 144¥ / 18,30€
  • Taxi vers hôtel à Jining : 5¥ / 0,64€
  • Chambre double à l’Hôtel Wulanchabu à Jining (standing élevé mais c’est le seul acceptant les étrangers) : 228¥ / 28,96€
  • Train Jining – Erlian, classe « Standing » : 77¥ / 9,80€
  • Chambre double à l’Hôtel Huameng à Erlian : 156¥ / 19,70€
  • Minivan passage de frontière (prix négociable, les jeeps sont plus chères) : 120¥ / 15,25€
  • Train de nuit Erlian – UB : 50 200₮ / 17,70€

Total : 104,35€ pour deux ! Donc 52€ par personne au lieu de 250€ !
 

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