Irkutsk et l’immense lac Baïkal

Le 17 février 2020

Irkutsk

S’il existe bien un arrêt auquel personne n’échappe, sur la ligne du transsibérien, c’est bien celui du célèbre lac Baïkal. Même sans s’y arrêter, on ne peut s’y soustraire car les voies de chemin de fer longent les berges de cette étendue d’eau hors normes. C’est le lac de tous les records : lac le plus profond au monde (jusqu’à 1642 m), le plus vieux (25 Mio d’années), mais aussi la plus grande réserve d’eau douce liquide (20% de l’eau non-salée terrestre).

Bien évidemment, nous avons aussi prévu de nous y arrêter ! Mais sans doute moins longtemps que d’autres… En effet, on a déjà passé pas mal de temps du côté du lac Khovsgol en Mongolie et on préfère du coup privilégier d’autres destinations plus variées. D’autant plus que visiter en quelques jours le lac Baïkal, c’est comme visiter le Louvre en une demi-heure, c’est un peu short… Par curiosité, nous resterons donc seulement deux nuits, histoire d’aller taquiner ce monument national russe.

Pour atteindre le lac, les accès ne manquent pas. Mais la proximité de la ligne du transsibérien pousse la plupart des voyageurs à s’arrêter à la capitale sibérienne, Irkutsk, à 70 km du lac, avant de se rendre sur les berges du colosse. C’est ce que nous avons prévu de faire également.
Afin de profiter au maximum de la vue le long du trajet, nous avons réservé nos places dans un train de jour entre Ulan-Ude et Irkutsk. Vu la distance qui sépare les deux villes de toute façon, ça n’aurait pas nécessité un train de nuit.
Frais et dispos après nos longues heures de sommeil à Ulan-Ude, nous pouvons nous abandonner à la contemplation du paysage qui défile sous nos yeux. Et profiter de notre premier train 100% russe.
 

Un train vapeur
Comme pour le train précédent, une prodaviska gère son wagon d’une main ferme dans un gant de velour, nous rappelant à chaque arrêt le temps que le train restera en gare. Au bout de quelques instants, le lac apparaît enfin sur notre droite, tandis que les montagnes séparant la Russie de la Mongolie se profilent à l’horizon, sur notre gauche. On peut voir tout autour de nous sur des dizaines et des dizaines de kilomètres à la ronde ! Dans une gare, de vieilles locomotives soviétiques à vapeur crachent des nuages gris mêlant vapeur et suie.
Enfin, l’après-midi touchant à sa fin, le train arrive en gare de Irkutsk, nous laissant sur les quais. La neige est toujours présente bien qu’assez parsemée, il faut juste faire attention de ne pas glisser.
 
Une gare sur la ligne
Puis c’est le tram que l’on prend ! Un type de transport en plus à ajouter à notre longue liste. Hop, quelques arrêts, on apprend un peu le fonctionnement du bazar, et on arrive enfin à notre petite auberge tranquille. Pour aujourd’hui, ce sera tout. Il ne nous reste plus qu’à manger un petit bout. Nous zonons un peu dans le coin mais il est tard et presque tout est fermé. Un seul endroit semble encore ouvert. Il s’agit d’une sorte de restaurant kazakh où nous sommes chaleureusement accueillis et où l’on commande chacun tant bien que mal un plat, la langue ne posant qu’un problème relatif comparé au volume sonore de la techno qui fait trembler tout le bâtiment. On profitera donc de notre bon repas chaud sans parler, la musique rendant toute conversation impossible. Puis zou, au lit et surtout au calme ! Avant le lac, il nous faudra bien une journée pour faire le tour d’Irkutsk.

La ville de plus de 600 000 habitants est un ancien comptoir de fourrures ayant acquis le statut de ville après l’installation des Cosaques au 17ème siècle. Avec la découverte de gisements d’or et de fer, l’agglomération s’est encore agrandie jusqu’à devenir ce qu’elle est aujourd’hui, évoluant également en foyer culturel grâce à l’installation des exilés politiques, artistes et aristocrates, éloignés par le régime tsariste. Parmi ces derniers exilés, les décembristes ont très fortement marqués l’essor de la ville. Envoyés en Sibérie après un coup d’état manqué visant la mise en place d’une constitution en Russie, ces quelques aristocrates accompagnés de leurs fidèles épouses développèrent l’éducation, la littérature et l’art dans ce coin alors si sauvage de la Russie.
 

Maison typique de la région : architecture en bois, petits volets et belles corniches
Certaines maisons des Décembristes ont subsisté jusqu’à nos jours et ont été reconverties en musée. Deux de ces demeures constitueront l’une des étapes principales de notre visite de Irkustk, la maison Volkonsky et la maison Troubetskoï.
 
La maison Volkonsky
Et qui dit visite d’une ville russe dit aussi visite d’un édifice orthodoxe ! Ici, notre visite sera celle du monastère Znamensky incluant l’église de l’Elevation de la Croix d’Irkutsk. Presque aussi ancien que la ville elle-même, le complexe est surtout réputé pour son style baroque propre à la Sibérie et la richesse de son intérieur (dont nous ne ferons pas de photo car nous serons embrigadés dans une célébration orthodoxe prenant place dans l’église…).
 
Le monastère Znamensky à Irkutsk
Le reste de la journée se résumera quant à lui à se balader entre les vieilles demeures de bois du centre historique d’Irkutsk ainsi qu’au marché, où nous retrouvons avec le sourire toute une série d’articles mongols.
 
Maison typique de la région avec les fenêtres au niveau du sol
Maison typique de la région avec les fenêtres au niveau du sol
Petite surprise au lever avant de partir pour le lac, nous avons droit comme petit déjeuner à une simple saucisse zwan coupée telle une pieuvre sur un oeuf. Mmmmh 😀
 
Dans les jardins russes
Super petit dej !

Listvianka, le lac Baïkal

A présent que nous avons eu droit à un aperçu rapide d’Irkutsk et de ses décembristes, il est plus que temps de nous rendre au lac de tous les superlatifs, le lac Baïkal. Un saut à pied jusqu’à la gare des bus, un ticket de plus en poche, et un gros minivan nous conduit sur les 70 km qui nous séparent du lac. Un village constitue en général l’arrêt de prédilection pour les visiteurs qui ont aussi peu de temps que nous : Listvianka. Situé au bord du lac, en bout de route depuis Irkutsk, le village n’a rien de très folichon. Des hôtels et autres logements sont visibles partout, tandis que d’autres encore sont en construction. Etant donné que nous approchons de l’hiver, la ville est très calme car la saison touristique est terminée.

Comme logement nous avons opté pour une charmante maison d’hôte vers l’une des extrémités tranquilles du village, en retrait par rapport au lac (ce qui est un peu moins tranquille pour nos jambes, surtout que nos bagages s’accumulent…). C’est un chalet tout douillet et bien chaud ! Le genre d’endroit où on pourrait rester tranquille des semaines.
On n’est pas censé y boire de bières mais on fera une petite entorse à leur règlement héhé…

Maintenant installés, nous pouvons enfin nous plonger dans la contemplation de la mer terrestre qui borde le village. Etant donné que le lac est surtout étiré en longueur, il nous est difficile d’être réellement plus impressionnés que par le lac Khovsgöl en Mongolie. C’est sûr que ça fait un peu blasé de dire ça… Mais bon, dire qu’on n’est pas plus impressionné ne veut pas dire qu’on ne l’est pas ! (Vous avez suivi ?)
 

Listvianka
Listvianka
La rive opposée est à peine visible, les vagues guidées par le temps couvert s’abattent sur la plage de galets tandis que le vent souffle à nous faire plisser les yeux. On se croirait presque à Ostende ! Il fait quand même moins froid qu’à Irkutsk, ce qui nous permet de faire une sieste sur la plage de galets après un tour des environs. Le soleil rasant nous réchauffe, mais il faut tout de même garder nos bonnes vestes mongoles. Ce sera un peu près tout pour aujourd’hui car l’après-midi touche à sa fin. Il ne reste plus qu’à faire des courses et à cuisiner un bon plat chaud dans notre confortable gîte.
 
Listvianka
Notre programme concernant le lac Baïkal est assez succin vu le peu de temps dont nous disposons : ce sera une balade d’une journée le long des rives et c’est tout. Autant dire un pipi de fourmi comparé à l’ampleur du site naturel et de ses possibilités. C’est triste mais c’est comme ça, difficile de faire mieux avec le temps qu’il nous est imparti. Il faut donc profiter au maximum de cette journée !
 
Un petit clin d'oeil shamanisme, n'oublions pas que nous sommes toujours à côté de la Mongolie
Petit sac sur le dos, nous franchissons la limite du village pour nous aventurer le long des berges escarpées du lac. Les chemins montent, descendent, s’écroulent, se divisent, se rétrécissent… La prudence est de mise et nous n’hésitons pas à nous supporter l’un l’autre pour franchir les obstacles les plus instables, le tout sous un vent féroce.
 
Les nombreux bouleaux du lac
Après quelques kilomètres, heures et frayeurs, nous atteignons finalement une vallée se jetant dans le lac, d’où nous retournons dans les terres. Cette fois le vent n’est plus seul. Tandis que nous gravissons un petit sommet, c’est une fine neige qui se met à tomber. Les tropiques sont décidément bien loin…
 
Les petites mousses des bois
De la neiiich
Enfin, une heure et des rawettes plus tard, c’est le retour au village. Fourbis, on va détendre nos muscles raidis par le froid et le décors accidenté dans un petit café face au lac. Nos bonnets et gants sèchent sur le radiateur tandis que nous buvons un chocolat chaud, on se croirait vraiment à la mer du Nord.
 
Un étalage d'omoul fumé
On profitera tout de même de notre traversée de l’agglomération pour faire un tour au marché, y acheter un célèbre « omoul », cette espèce de salmonidé endémique du lac que les habitants fument avant de le manger. Miam ! Voilà notre dernier souper tout fait avant une dernière nuit dans un vrai lit. Et oui, demain et même après-demain, nous dormirons dans le train !
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