Le passage de frontière Thaïlande-Cambodge
Jour-J ! C’est aujourd’hui que nous traversons la frontière terrestre entre la Thaïlande et le Cambodge. Lever vers 6h30 puis nous prenons le monorail à la station la plus proche. Cette fois, on ne se fera pas avoir comme pour aller à Chiang Mai !
Il n’est même pas 7h à Bangkok et les quais/navettes sont déjà bondés ! Les bouchons sont déjà présents aussi dans la capitale. Les gens en file sur le quai montent au compte-goutte dans les nombreuses rames qui passent. On finit par se résigner; avec nos gros sacs on prend la place de deux personnes, il va falloir se séparer… Paul finit par se glisser dans une navette, Francé un peu stressée dans la suivante (on n’a qu’un seul gsm, Paul a gardé le ticket de métro de Francé et Francé n’a pas un sous sur elle, donc faut pas avoir de problème ! La prochaine fois on s’organisera mieux.) Ouff après une longue attente nous nous retrouvons au terminus pour marcher jusqu’au terminal des bus. Finalement, environ 20 min avant le départ, nous y sommes. Ca aura été mieux cette fois ! Le bus démarre ensuite à 9h.
Ce passage de frontière, c’est quelque chose qui nous stresse un peu en réalité… Cette frontière est en effet connue pour le grand nombre d’arnaques en tout genre une fois sur place, notamment pour l’obtention du visa.
Normalement, le bus gouvernemental que nous prenons est censé nous déposer à la frontière où après avoir traversé l’émigration thaïlandaise, il est possible d’obtenir un visa pour 30$ à l’immigration cambodgienne. Nous remontons alors dans le bus et il nous amène ensuite à Siem Reap, au Cambodge. Ca c’est la théorie !
En réalité, les bus, y compris le bus gouvernemental, s’arrêtent souvent avant la frontière à un faux bureau pour proposer de faire les démarches pour plus de 40$, avec un formulaire à remplir pour obtenir le visa (ils peuvent même annoncer que la frontière est en rénovation et que c’est le seul endroit pour le faire, que les prix ont changé…). Notre bus aussi s’arrête à cet endroit mais nous refusons simplement de remplir le questionnaire et on ne nous pose pas plus de questions. On dirait qu’ils proposent les démarches comme un service plus rapide plutôt qu’essayer de nous arnaquer vraiment. Malgré tout, la plupart des occupants du bus acceptent de payer pour leur visa ici (alors que rien ne sera plus rapide pour eux au final, vu qu’il faut attendre que tout le monde ait fini ses démarches pour que le bus puisse redémarrer après le passage de frontière).
Quelques minutes plus tard, le bus reprend vers la frontière où nous descendons pour marcher jusqu’à l’émigration thaïlandaise. Pas de problème ici, il faut juste tamponner le passeport. Nous continuons à marcher ensuite pour traverser la frontière et arriver côté cambodgien. Il nous faut un peu de temps pour nous y retrouver sous la pluie et parmi l’étonnante circulation qu’il y a dans cet endroit, mais nous finissons par repérer le bureau. Ici les officiels peuvent fournir le visa à l’arrivée à 30$ comme prévu.
Sur place, nous sommes les seuls dans la salle et on nous fait remplir le formulaire d’entrée dans le pays. Puis tandis qu’un grand panneau affiche clairement les prix officiels des visas au-dessus du comptoir, l’un des employés nous montre du doigt un petit papier où il est écrit au bic « 30$ + 100 bhats thaï ». Heureusement que l’on avait fait nos recherches ! Le « + 100 bhats » est ce qu’ils appellent « des frais de service », soit un supplément officieux à verser aux employés. On refuse donc de payer en disant que nous n’avons que le compte juste et après un soupir, l’officiel tend nos passeports aux autres employés pour qu’on y mette le visa. Ouf, c’était facile ! On avait tellement lu d’histoires où les gens devaient attendre indéfiniment s’ils ne voulaient pas payer le supplément ! C’est sans doute parce que c’est la basse saison et qu’on est seuls.
Une fois nos passeports en main, il ne nous reste donc plus qu’à aller faire tamponner notre nouveau visa, donner nos empreintes digitales et retourner au bus. Au final, le tout nous aura pris seulement 30 minutes ! Soit beaucoup moins que partout où on avait pu lire que des voyageurs passaient au moins 2h dans des files, avec des gens qui leur proposaient des services « VIP » pour de l’argent en plus.
Bref, nous voilà tout heureux et rassurés avec notre visa cambodgien en main ! (Et presque un peu déçus de ne pas avoir pu mettre nos plans « anti-arnaques » en action). En avant vers Siem Reap maintenant !
Siem Reap
Quelques heures de bus plus tard et voici Francé et Paul qui débarquent à Siem Reap, la ville d’accès des célèbres ruines khmères d’Angkor ! L’après-midi est déjà bien avancée lorsque le bus se gare finalement au terminus de l’agence. Une demi-douzaine de chauffeurs de tuk-tuk nous attendent déjà pour nous emmener où l’on veut dans la ville. Ils disent que le trajet jusqu’à notre logement est gratuit mais d’après ce qu’on a pu lire aussi sur internet, ce trajet n’est gratuit qu’à condition de réserver le tuk-tuk pour une visite toute la journée du lendemain. Ce qui ne nous intéresse pas trop… On décline donc l’invitation face aux regards étonnés des conducteurs (ben wai, c’était « gratuit ») et marchons vers le centre-ville.
Avec cette histoire du passage de frontière, nous n’avons même pas regardé les logements… Pas grave, on check ça tranquillement dans un bar en ayant la bonne surprise de voir que les bières cambodgiennes au fût sont à 0,50$ (= 0,43€). Notre choix arrêté sur un endroit bien mignon, nous marchons jusque-là avant de profiter du souper pour tester le plat national cambodgien, le amok (on ne peut pas expliquer réellement ce que c’est car il parait qu’il est différent partout; celui-là était au curry et avec du poisson en tout cas). Ensuite vite dodo. La journée aura été bien crevante…
La devise locale du Cambodge est le riel, mais depuis longtemps le dollar est tout autant utilisé, particulièrement pour les grosses transactions. 1$ = 4000 riels. Lorsqu’on achète quelque chose à 0,50$ avec un billet de 1$, on va nous rendre la monnaie en riel. Assez perturbant au début, faut pas se faire avoir. On peut aussi tout à fait payer avec un mix de riels et de dollars.
Par contre, chose plus embêtante, ils sont très stricts concernant l’état des billets. Nous avons un billet de 10$ écorché sur 3mm qu’on ne parvient pas à utiliser.
Premier matin à Siem Reap et premier groooos déjeuner ! Ici, le déjeuner est inclus, et ce ne sont pas des petits ! Malgré la bonne nuit, on est encore bien crevés par ces derniers jours à courir un peu partout. Journée calme alors aujourd’hui avant de commencer la visite des temples le lendemain. Ça va nous permettre de découvrir un peu la ville et de s’acheter un guide pour le Vietnam.
Le centre-ville est assez sympa et mignon mais pas moyen de trouver une librairie avec ce que l’on cherche. Elles sont soit fermées, soit en déplacement, soit elles n’ont pas le livre. Pas de bol… Le soir venu, on goûte une autre spécialité locale, le lok lak (bœuf) et on se prend une bière fraîche à 50 cents de $ dans un des nombreux bars de la « Pub street » (une sorte d’équivalent un peu plus haut de gamme de la Khao San Road à Bangkok, où tous les étrangers se retrouvent) puis retour au bercail ; demain sera le début de longues visites.
Quelques mots sur Angkor
Avant de vous lancer dans le monde d’Angkor, il est sans doute nécessaire d’expliquer brièvement l’origine de ce site unique.
Bien que le Cambodge puisse aujourd’hui sembler être « le petit » de l’Asie du sud-est et que les derniers siècles lui aient été éprouvants, son héritage est l’un des plus glorieux du continent.
Né au tout début du IX ème siècle, l’empire khmer, ancêtre du royaume actuel, culmina vers le XII ème siècle avec une surface couvrant environ le Cambodge, la Thaïlande ainsi que des fractions du Laos et du Vietnam actuels.
Lors de la création de l’empire par l’unification de plusieurs royaumes, le nouveau souverain Jayavarman II, de confession hindouiste, introduisit le concept de dieu-roi selon lequel le dirigeant était le représentant terrestre du dieu Shiva. Avec cette notion de dieu-roi, des temples-montagnes (un temple en haut d’une colline) furent bâtis, symbolisant le mont Meru – la demeure de Shiva mais également le centre de l’univers.
Les dieux-rois se succédant et l’empire s’agrandissant, les dirigeants édifièrent de nouveaux temples-montagnes à leur gloire, chaque nouveau temple surpassant en beauté les précédents. De même, tandis que l’empire prospérait, de nombreuses innovations techniques furent introduites (notamment des systèmes d’irrigation performants) et l’architecture évolua : les temples-montagnes gardèrent la signification qui leur était initialement dévolue, mais furent construits dans des plaines (le centre du temple était généralement construit plus en hauteur).
Si les premiers temples-montagnes (et autres temples construits simultanément) ne furent pas construits à Angkor, les souverains successifs finirent par s’établir à cet endroit et y développèrent une ville remarquable, centre politique, religieux et social de l’empire. A son apogée, alors que Londres ne comptait encore que 50 000 habitants, Angkor était peuplée d’environ 1 000 000 de personnes.
Aujourd’hui, de la ville qui dominait auparavant la région, ne subsistent qu’une centaine de temples de grès ou de latérite (tous les autres bâtiments étaient construits en bois). Les édifices les plus connus et les plus grandioses, Angkor Wat et Angkor Thom (où se trouve le Bayon), furent construits à l’âge d’or de l’empire, vers le XII-XIII ème siècle.
Dans les années 70, les Khmers Rouges dévastèrent le pays. Ne misant que sur l’agriculture et étant totalement contre toute forme d’éducation, ils mirent à terre de nombreux héritages historiques à l’exception d’Angkor. Bien que négligé durant cette période, les dommages subis furent minimes, les Khmers Rouges assimilant le site à la grandeur qu’ils voulaient restaurer. Aujourd’hui, après ce passé difficile, Angkor reste un des rares trésors du pays. De par sa taille impressionnante et son importance, il est devenu le symbole du pays, si bien qu’il est représenté au centre du drapeau cambodgien.
Ajoutons également même si la grande partie des temples d’Angkor furent construits suivant les croyances hindouistes, certains furent modifiés pour s’adapter à une idéologie bouddhiste sur ordre de souverains de cette confession, vers la fin de l’empire.
La visite d’Angkor en 3 jours
Réveil assez tôt le matin pour le début de la visite ! Le site historique est énorme et le temple le plus proche est à 7km de Siem Reap. Généralement, les visiteurs se déplacent en tuk-tuk, mais pour faire des économies et des muscles, nous optons pour le vélo !
Petit déjeuner, location de vélos, et nous sommes fin prêts ! Tout ce qu’il nous manque, c’est le ticket d’entrée au site. Rendez-vous donc au comptoir de tickets, à quelques kilomètres de notre logement, où nous achetons le pass de 3 jours (il existe trois types de pass : un jour, trois jours et une semaine). Puis, direction les premières ruines !
Aujourd’hui, nous nous concentrerons sur les ruines moins connues et les plus éloignées. Après encore quelques kilomètres sous le soleil qui tape, nous arrivons à notre premier temple, un petit site du nom de Prasat Kravan.
Sur le parking, des femmes courent vers nous pour nous vendre pantalons, bouteilles d’eau, guide touristique. Faut réussir à s’en dépêtrer avant de rentrer dans l’édifice. « No thank you ! » ce sera le même cérémonial devant chaque temple.
Ce premier temple n’a encore rien d’extravagant, mais constitue une bonne entrée en matière, d’autant que le site est tout à fait vide.
On continue quelques kilomètres avant de tomber finalement sur un chemin impraticable dans la forêt (avec des « araignées à grosses épines » – dixit Paul). Pas grave, nous faisons un détour jusqu’à devoir traverser en équilibre un haut et large barrage en béton, le vélo sous la main. En portant le vélo dans les escaliers, Francé craque le dernier fil survivant de son pantalon. Après 8 mois de bonne compagnie, il faudra lui dire adieu.
Sur notre route se présentent encore d’autres temples très isolés sous les arbres feuillus; c’est souvent de grandes aventures que l’on vit et de belles choses que l’on observe en quittant les sentiers battus 😉 !
Pour une première journée, c’est déjà fatiguant, surtout que les routes ne sont pas toujours adaptées aux cyclistes qu’il y a du trafic. Des arbres empiétaient même sur la route !
En plus des vendeurs d’épices, les commerçants et les conducteurs de tuk-tuk sont très oppressants eux-aussi.
A 1h, le match commence et nous regardons les belges battre de justesse les anglais ! Yeaaaah ! Surtout que nous sommes 3 belges pour des légions d’anglais dans le bar, ça fait plaisir ! Demain par contre, le réveil sera moins chouette.
Debout on se lève ! C’est déjà le dernier jour et on le sent bien, le réveil est difficile après les échappées à vélo des jours précédents… Pour se mettre bien d’aplomb et prendre une bonne dose d’énergie, on craque encore pour un mega déjeuner anglais (on en profite). Avant de partir, nous empaquetons aussi nos affaires et effectuons le check-out car ce soir, nous prenons le bus de nuit vers Phnom Penh, la capitale.
Et voilà, on est prêt pour un dernier aller-retour sur le site et la visite de Angkor Thom ! Le temps d’arriver au niveau d’Angkor Wat, il est déjà quasi midi et on opte pour manger un bout avant la suite, parce que sur le site, ça douille et ça chauffe… Stop donc dans une gargote avec vue sur Angkor Wat où les gens ne parlent pas vraiment anglais, pour manger un repas à prix doux. Paul en profite pour essayer de lire les chiffres en khmer, histoire de savoir lire les prix et de ne pas éventuellement se faire avoir durant notre séjour.
Une fois l’estomac prêt, on pédale tout d’abord pour atteindre notre premier temple de la journée, le Phnom Bakheng (Phnom signifie littéralement « colline »), un monument situé au sommet d’une colline où tout le monde se rendrait au crépuscule pour la vue sur Angkor Wat. Ce n’est pas trop le crépuscule donc le temple est juste vide et pour nous seuls ! Coohool même si on fait relativement vite le tour du site, sous le soleil de plomb.
Hop, on redescend et on continue.
Ouf ! Enfin fini avec le vélo, ça commençait à devenir difficile avec cette chaleur… Plus qu’à attendre le soir pour prendre le bus. Par contre, on est un peu plaquant après cette longue journée… Heureusement qu’on peut compter sur le gentil personnel de l’auberge qui nous autorise à utiliser la salle de bain d’une chambre pour prendre une bonne douche. Yes ! Orkurn !
Un dernier souper, encore un peu de temps pour regarder la demi-finale entre la France et l’Argentine puis un tuk-tuk vient nous chercher pour prendre le bus vers Phnom Penh. Au revoir les gentils gens de l’auberge !
Au bureau du bus, on nous demande de nous installer et d’attendre tandis qu’un bus stationne devant le bureau, des gens embarquant déjà. Après de longues minutes, l’heure du départ approchant, on ne voit pas de bus arriver et on demande aux mêmes personnes qui nous ont demandé d’attendre si c’est notre bus qui stationne là depuis tout ce temps : « Oui c’est votre bus, vous pouvez entrer ». Heureusement qu’on demande… Puis il s’avère que quelqu’un est à notre couchette : « Ah ben il y a quelqu’un à votre place. Vous pouvez aller là, c’est libre. ». Ok merci :p . Au moins on a bien un petit lit pour nous deux au final.
Rendez-vous à 6h demain à Phnom Penh !