Arrivée à Phnom Penh
Deux heures plus tôt… C’est au moins deux heures plus tôt que prévu que nous arrivons à Phnom Penh, soit à 4h30 du matin au lieu de 7h… La nuit depuis Siem Reap a été un peu sporadique mais pas encore trop mauvaise. C’est surtout la sortie du bus qui est un peu précipitée, le GPS et le personnel du bus nous annonçant que nous étions déjà à la capitale cambodgienne.
Sortant vite de notre torpeur, on attrape en vitesse nos affaires pour nous retrouver à l’arrêt de bus en compagnie d’autres voyageurs endormis et de conducteurs de tuk-tuk, déjà prêts à nous embarquer. Une telle avance nous embête un peu parce qu’il est tout simplement trop tôt pour traverser la ville jusqu’à notre auberge. La tête dans les chaussettes, on finit par s’offrir un café cher dans un café climatisé ouvert à côté du bureau des bus, pour passer les heures jusqu’à l’aube.
Quelques heures plus tard, le soleil levé, nous remettons nos brols sur le dos et marchons quelques kilomètres jusqu’à notre auberge. Au passage, nous achetons à une petite vieille sur le chemin quelques pâtisseries inconnues qui feront office de petit-déjeuner.
Une fois à l’auberge, il est, sans surprise, trop tôt pour le check-in. On attend donc encore quelques heures, les yeux mi-clos et la tête qui tombe toute seule. Au moins, il y a le wifi ici.
Paul en profite pour faire une petite partie sur l’ordinateur. Au final, le plus grand adversaire sera sans doute la petite cambodgienne qui essaie d’enfoncer toutes les touches ! Vers la fin de matinée, nous sommes enfin autorisés à gagner notre chambre pour une bonne sieste, avant d’être réveillés par le personnel qui apporte gentiment une télévision (on ne l’utilisera pas comme d’habitude mais merci quand même :p ).
Enfin, le soir venu, nous nous retrouvons une fois de plus sur un marché de nuit pour le souper. Arrivés dans une gargote à priori sans prétention avec son toit en taule et son cafard qui court au sol, nous commandons deux plats de la longue liste de mets qu’ils concoctent. Une soupe de coco au bœuf pour Francé et une soupe « rurale » pour Paul. A la première bouchée, nos yeux s’écarquillent ; ces plats sont extraordinairement parfaits ! On est tout simplement sous le charme gustatif, ce sont parmi les meilleurs plats que nous ayons goûté du voyage, si pas les meilleurs pour Francé ! Il n’y a pas photo, c’est là que l’on retournera tous les soirs !
La prison S-21, un retour sous le régime des Khmers Rouges
La prochaine étape de la journée sera un site historique au lourd passé, le musée du génocide de Tuol Sleng ou S-21. Pour cerner un peu mieux l’histoire de ce musée, il faut revenir à l’époque où les Khmers Rouges étaient au pouvoir.
Le 17 avril 1975, ces derniers prennent la capitale et le pouvoir du pays avec l’appui d’une grande partie de la population. Cependant, cet appui sera de courte durée : quelques jours seulement après, les nouveaux dirigeants ordonnent aux habitants de toute ville de quitter leurs maisons pour aller travailler dans les campagnes. Les Khmers Rouges veulent transformer le pays en une coopérative agricole et imposent pour cela le travail forcé à tous, vieillards, malades et enfants compris. Chacun travaille de 12 à 15 h par jour et toute personne qui résiste est éliminée.
Ensuite, le parti entreprend de « purifier » la population. Tout opposant politique, toute personne dont les origines sont un tant soit peu étrangères, toute personne éduquée, tout artiste ou même toute personne qui porte des lunettes : ceux-là sont amenés dans des prisons aux quatre coins du pays où ils sont torturés jusqu’à avouer des crimes qu’on leur soumet. Les aveux suggérés comprennent souvent des dénonciations, permettant de perpétuer la purge. Une fois les aveux obtenus, les prisonniers sont ensuite abattus dans des champs prévus à cet effet puis jetés dans des charniers.
Avec le temps passant, les Khmers Rouges se mettent même à éliminer les membres de leur propre parti ; les bourreaux sont victimes de leurs remplaçants.
3 ans, 8 mois, et 20 jours après leur prise de pouvoir, les Khmers Rouges seront finalement chassés par les troupes vietnamiennes. Sous leur main de fer, environ 2 millions de personnes auraient péri, soit 20% de la population de l’époque.
Découvert par les vietnamiens lorsqu’ils chassèrent les Khmers Rouges de Phnom Penh, le site S-21 est un ancien établissement scolaire qui fût transformé sous le règne de Pol Pot en une prison et un centre de torture. A l’arrivée des libérateurs, 14 corps attachés et mutilés furent retrouvés dans des cellules, les derniers méfaits des bourreaux avant leur fuite de Phnom Penh. Les clichés des corps tels qu’ils furent découverts sont exposés dans les cellules respectives où gît toujours leur lit en fer.
Entre les photos de prisonniers vivants ou de cadavres, et les récits des tortures appliquées avec les instruments exposés, on accuse le coup, et c’est finalement tout chamboulés que nous quittons le site à sa fermeture. Il faudra bien tout le chemin du retour pour passer à autre chose.
Matchs des Diables, visite du Palais Royal et entrée à l’université
Après un souper à notre nouveau rendez-vous nocturne, nous attendons toute la soirée jusqu’à 1h du matin pour enfin nous diriger vers un bar sportif du coin pour la 8ème de finale de la Belgique contre le Japon ! On y rencontre un autre belge, expatrié bruxellois. Comme attendu, tout le reste du bar est en faveur du Japon. Et on peut dire que le début de la deuxième mi-temps ne les déçoit pas, au contraire de nous. 0-2 pour le Japon. Mais les diables relèvent la tête et alors qu’ils marquent leur 3ème but synonyme de victoire, nous laissons aller toute notre joie ! Paul fait tomber son siège et saute dans les bras de l’autre belge au milieu du bar, devant les supporters dépités du Japon. Ouf, c’est pas passé loin ! Au lit maintenant, il est 3 h du matin…
Après un échange de mails, une rencontre a donc été organisée avec ce professeur à cette date. Voilà pourquoi nous prenons le bus vers cet institut en début d’après-midi. Au début un peu perdus dans l’établissement sans indications ou bureau d’information, nous finissons par demander à un étudiant de nous conduire au bureau du professeur. Celui-ci est très sympathique et nous passons en tout deux heures à arpenter le campus tandis qu’il nous explique un peu ce qu’il fait et les activités de l’institut.
Mais pas le temps de trop fêter ça. Il est 3 h du matin et demain, nous nous levons à 6 h pour prendre le train vers Sihanoukville, ce qui nous laisse… 3 h de sommeil. C’est toujours ça de pris.