Départ en train vers Sihanoukville
Seulement trois heures après la victoire historique de la Belgique contre le Brésil et être allés au lit, il est déjà l’heure de se réveiller pour aller prendre le train à la gare de Phnom Penh. Aujourd’hui, nous nous rendons pour une nuit à Sihanoukville avant de voguer vers l’île de Koh Rong Sanloem où il est prévu que nous fassions au moins une semaine de volontariat (dans le cadre de la préservation du récif de corail présent sur place).
Avec beaucoup de mal, nous réveillons une fois de plus le pauvre gardien de nuit pour qu’il nous ouvre la porte, et prenons la direction de la gare, nos gros sacs sur le dos. La nuit a clairement été trop courte et ça se sent…
Trente minutes avant le départ, soit à 6h30, nous voilà à la gare, nos tickets en main. Le temps d’acheter en vitesse un sandwich cambodgien comme petit-dej/pic-nic et il est déjà temps d’embarquer dans le petit train de quelques wagons. Nous qui pensions dormir dans le train, on déchante vite : le wagon est quasi complet et les banquettes sont un peu petites pour s’étaler ou même dormir assis, car le dossier est tout petit. Il va falloir faire avec pendant les 7h de trajet… Heureusement après environ 4h, des places se libèrent, nous laissant la possibilité de se répandre un peu.
Sihanoukville, le prochain Macao ?
Arrivés à Sihanoukville, notre idée était de trouver un logement dans les environs directs du port pour le trajet en ferry du lendemain vers l’île. Sauf que nous avons beau tourner, pas moyen de trouver un endroit de libre ou ouvert (les chinois investissent partout dans la ville à tel point que des chantiers sont partout présents et que les seules guesthouses du coin sont pleines de chinois).
Par dépit, nous négocions donc un tuk-tuk vers la zone plus touristique où l’on finit par trouver un logement. Il est maintenant grand temps de dormir ! Un bref réveil pour avaler quelque chose puis retour au lit ! Le rendormissement sera un peu plus difficile ; les anglais jouent contre la Suède dans le bar juste à côté, ça fait un peu de bruit !
De l’autre côté, des occidentaux viennent ici en partie pour le tourisme sexuel. On voit se balader des cambodgiennes peu habillées se pavanant sur les torses d’hommes blancs. Une fois la nuit tombée, on croise aussi des jeunes filles pas loin de l’adolescence marchant maladroitement avec leurs talons hauts.
Bref, cet endroit n’est plus vraiment réputé pour ses plages paradisiaques. Aujourd’hui, le voyageur « classique » fait escale ici pour prendre le bateau vers les îles voisines, comme nous, ou va se détendre un peu plus loin vers Otres Beach.
L’île de Koh Rong Sanloem
Le lendemain matin, nous parvenons enfin à prendre contact avec le responsable du projet où nous allons faire volontaire, James, un britannique installé ici depuis quelques années. Il nous rencontre à notre auberge et nous explique ce que nous allons faire, ça a l’air top ! Au programme, de la plongée deux fois par jour pour mettre en place des supports rocheux sous l’eau, y amener des coraux brisés et recenser les espèces que nous trouvons. Trop bien ! Il nous indique ensuite comment nous rendre sur l’île et nous sommes amenés au débarcadère par la compagnie tandis qu’il nous retrouvera demain pour notre première plongée. En avant donc à bord du ferry qui file et atteint en un peu moins d’une heure notre embarcadère sur l’île de Koh Rong Sanloem.
Elle est habitée depuis peu seulement. En effet, les gens avaient autrefois peur de s’y rendre, la raison datant de la fin du joug des Khmers Rouges. Une fois le regime aboli, leur leader se serait réfugié quelque part dans une jungle cambodgienne. Mais quelle jungle ? Personne ne savait alors… si ce n’est que l’île est couverte de jungle, donc il aurait pu y être !
Après l’annonce de la mort de Pol Pot (dans une toute autre jungle du pays), c’est seulement en 2000 qu’arrivent les premiers habitants de l’île trouvant cet endroit idéal pour la pêche.
Si la plage principale de l’île s’est transformée rapidement en station balnéaire, le petit village de M’Pai Bai, où nous allons, a conservé son authenticité. Ce dernier se trouve à l’autre extrémité de l’île et s’est constitué d’une communauté restreinte de pêcheurs.
Save Cambodian Marine Life
C’est dans le contexte décrit ci-dessus que nous participerons au projet de Save Cambodian Marine Life (ou comme dirait maman André, un centre de revalidation pour coraux blessés). Leur objectif est de trouver un moyen de repeupler les récifs de coraux vivants.
Ici la situation des coraux n’est pas encore trop critique, mais certaines régions dans le monde en souffrent vraiment.
Leur solution envisagée est de récolter les morceaux de coraux cassés (mais toujours vivants) et de les mettre dans des « nurseries ». Ces dernières ont été construites par le centre dans la baie avec des rochers. Les coraux y sont attachés et restent là quelques semaines le temps qu’ils reprennent des forces et une bonne taille.
C’est à ce stade que Save Combodian Marine Life (SCML) se différencie des autres centres de ce type. Les autres laissent les coraux dans leur nurserie, alors que SCML transfère les coraux revitalisés vers un récif. Et ça marche ! Le corail tient et parvient à se replanter dans le récif.
Fier de sa réussite, SCML ne se précipite pas trop et attend plus de résultats pour partager leurs connaissances aux autres centres.
A côté de ça, SCML s’implique aussi très fort dans le village de M’Pai Bai. Ils tentent de trouver une solution pour le tri des déchets et le recyclage, ils instruisent les enfants et adultes sur les bonnes manières de pêcher. Par exemple, avant les habitants mangeaient les tortues, aujourd’hui ils les relâchent s’ils en ont dans leurs filets.
Les Khmers Rouges ne misant que sur l’agriculture, ils exécutaient toute personne dite « instruite ». Toutes les écoles ont été fermées, c’est pourquoi encore aujourd’hui beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés.
Notre séjour
Une fois à terre, nous rencontrons Pedro, l’autre responsable du projet, qui nous présente notre gîte, les gérants de l’auberge et les cuistots, presque tous francophones (québecois et français). Nous dormons au « Lazy Bones » et cet endroit porte très bien son nom avec son atmosphère très détendue.
Mais en attendant demain, c’est repos pour le reste de la journée. Le soir, nos cuistots nous cuisinent notre premier repas et on réalise comme on est chanceux ! L’un de nos deux cuisiniers est en réalité chef de formation et il cuisine chaque soir un plat différent (l’autre cuisinier, on ne sait pas, mais c’est tout aussi bon) ! Ça change des repas asiatiques tous les soirs ! Après ça, zoup au lit dans notre dortoir, demain les choses sérieuses commencent !
Premier jour de volontariat à Koh Rong Sanloem ! Un délicieux petit déj puis nous partons déjà choisir un équipement de plongée à notre taille. Direction ensuite le seul centre de plongée du village qui est partenaire du projet. On y prend une bonbonne et nous parons de tout notre équipement. Il faut se remettre un peu dans le bain, ça fait quand même quelques mois que nous n’avons plus plongé !
Pedro nous explique entre autre l’histoire des serpents. L’île a toujours été infestée de serpents, dont des très gros et des très dangereux. Heureusement il y a peu d’accidents, mais il faut tout de même faire attention à ne pas s’enfoncer dans la forêt seul.
Les habitants étant bouddhistes, ils ne tuent pas les animaux sans raison. Du coup, lorsqu’un serpent est dans leur maison ou dans le village, ils l’attrapent et le mettent dans un sac. Une fois le serpent capturé, ils prennent un bateau et vont le relâcher dans la petite île inhabitée d’en face. Cet îlot serait actuellement une vraie fourmilière de serpents, il est totalement déconseillé d’y aller.
Sur la plage du village, un petit monsieur loue des kayaks aux touristes. La seule destination attrayante accessible est évidemment cet îlot. Mais le monsieur ne dit rien et encaisse l’argent sans scrupule. Fourbe…
Une plongée le matin du deuxième jour et une l’après-midi de notre dernier jour sur place, c’est tout ce que nous aurons la possibilité de faire au final. Le vent et la pluie entraînent des courants trop forts et une visibilité trop mauvaise pour faire quoique ce soit sous l’eau. Ces deux plongées seront l’occasion de marquer l’emplacement de la nouvelle couveuse de coraux par une bouée et d’en construire le socle rocheux à l’aide de gros blocs.
On se console avec les délicieux repas que nous mijotent nos marmitons ! La demi-douzaine de chiens nous tient aussi compagnie, ce qui rend Francé toute heureuse.
Malgré la pluie, nous sommes tout de même tristes de quitter l’île ; l’ambiance toute tranquille, l’atmosphère de village, les enfants qui jouent, les doggos qui se promènent partout, tout le monde qui se connait… On comprend que des gens aient décidé de ne pas partir d’ici.
Adieu Koh Rong Sanloem et M’Pai Bai ! Direction maintenant Sihanoukville pour aller vers Kampot !