Le route dure quelques heures, sur des « spaghetti roads » comme ils les appellent, mais les paysages sont une fois de plus merveilleux. Mer, jungle, montagne, on peut passer de l’un à l’autre en quelques kilomètres.
Alors que nous passons à petit pas à proximité d’une école à la fin des cours, les écoliers nous remarquent par notre fenêtre ouverte. Si quasi tous nous saluent avec des « Hello Mister ! », « How are you Mister ? », un écolier nous lance soudain un « Fuck you ! », sans doute pour faire le malin devant ses copains. Sauf que notre chauffeur l’a entendu… Quelques mètres plus loin, notre voiture s’arrête et fait marche arrière, avant que notre chauffeur sorte. Il n’est pas vraiment content. Il remonte pendant quelques minutes les bretelles de celui qui nous a insulté puis revient à la voiture tout en s’excusant auprès de nous du mauvais comportement de l’élève. Pour nous, ce n’est pas trop grave, ça nous est déjà arrivé deux fois et même si ça ne fait pas vraiment plaisir, ce sont à chaque fois des enfants qui ne réalisent pas vraiment à notre avis. Notre chauffeur lui poursuit sa route en s’insurgeant en indonésien sur la mauvaise éducation du garnement et sur la mauvaise image que les « boulés » vont avoir de l’Indonésie. Une fois, ce petit épisode passé, la voiture replonge de nouveau dans un calme relatif. Un peu trop d’ailleurs. Il reste 1h à 1h30 de route et notre chauffeur semble être très fatigué : ses yeux se ferment parfois l’espace d’un instant, sa tête dodeline régulièrement et il se craque les doigts et se pince les mains pour se tenir éveillé. Gloups. C’est presque si on n’est pas soulagé quand il a quelqu’un au téléphone ou qu’il allume une cigarette, pour se tenir éveillé.
Vers la moitié de l’après-midi, nous arrivons finalement bien en vie à notre pension très cosy pour trois nuits, à Bajawa !
Pour visiter ces environs, nous misons sur la moto. Notre jeune rasta-hôte loue justement des motos et nous fournit donc via un intermédiaire une vieille moto semi-automatique (ces dernières sont moins chères que les automatiques). A part un rétro en moins, elle semble relativement correcte et nous partons donc en milieu de matinée avec notre nouvelle monture. Mais nous remarquons vite un premier souci sur la moto : le frein arrière ne fonctionne pas… Gloups encore. Bon, il va falloir être prudent, très prudent en utilisant uniquement le frein avant. Autre souci qui apparaît, les clignotants ne fonctionnent pas. Ca c’est moins cruciale dans ce pays mais bon, c’est quand même emmerdant. De nouveau, on est très prudent.
Arrivés aux villages ethniques, nous nous garons et marchons vers l’un d’eux. Normalement, nous sommes censés payer (faire une donation) pour aller voir le village mais sans le vouloir nous avons emprunté un petit chemin qui passe derrière le village, au lieu de prendre la route principale. Personne ne nous demande quoique ce soit et on a un peu l’impression de rentrer comme des voleurs. Enfin bon, si personne ne nous demande quoique ce soit, tampis. On ne rentre juste pas sur la place centrale du village et restons en périphérie. Là, des petits mecs jouent un peu au foot et certains invitent Paul pour taper la balle. Après une courte hésitation, il part les rejoindre, tandis que Francé est invitée par les filles de son côté pour participer à un genre de volley.
Avant de rentrer vers notre logement, il y a encore une chose qu’il faut aller voir : les sources chaudes ! Situées encore quelques kilomètres plus loin que les villages, ces sources chaudes sont en réalité un endroit où se rejoignent deux rivières, l’une glacée, l’autre bouillante. Une fois les deux réunies, l’eau est délicieusement bonne et bon nombre d’habitants ainsi que des touristes s’y retrouvent pour se baigner. Nous nous y posons une petite demi-heure puis il est enfin temps de reprendre définitivement la route pour rentrer.
Le lendemain matin, après une nuit où le sommeil n’a pas vraiment été présent, nous jetons tout de même un dernier coup d’œil dans la rue, à la lumière du jour, dès l’aube. Toujours rien. Nous demandons également à toute une série de commerce du coin s’ils n’ont pas vu le smartphone, et de le ramener à notre pension, s’ils en entendent parler. Il y a peu d’espoir mais bon, sait-on jamais. Notre hôte est informé également et contacte des gens de la ville pour essayer de retrouver aussi notre cher smartphone. L’après-midi, en dernier recours, nous décidons d’aller à la police pour déclarer notre perte. Nous y allons aussi pour y déposer une carte de banque que nous avons trouvée en cherchant le smartphone. Au moins, quelqu’un retrouvera son bien.
Au bureau de police, bien que aimables et souriants, aucun policier ne baragouine anglais. Nous avons bien préparé quelques mots en indonésiens pour expliquer que nous avons perdu un smartphone et trouvé une carte de banque mais ça a l’air tout de même compliqué. Ils font donc appel à un interprète et nous demandent de patienter jusqu’à l’arrivée de celui-ci qui s’avère être… notre hôte ! Enfin, nous pouvons remplir notre déclaration : nom, âge, adresse, etc., et même religion ! Tous les policiers du coin se sont réunis près de nous pour voir comment ça se passe avec les « boulés ». Tout se fait dans la bonne humeur, ce n’est pas tous les jours qu’il y a des « boulés » à la police du quartier. Alors que la déclaration est bientôt complète, c’est la coupure de courant générale et l’ordinateur du policier s’éteint. On rigole tous et en attendant que le courant revienne, nous nous voyons proposer du café ainsi que des petits pisang goreng (beignets de banane). C’est qu’ils sont aimables ces policiers (même s’ils attirent notre attention en nous appelant « boulé », ça devient un peu rabaissant à la longue :p). Ils nous proposent aussi des cigarettes mais on ne fume pas. Quand le courant revient enfin, il est temps de finir la déclaration. Francé et notre hôte aident le policier pendant que Paul parle football (un langage universel) avec les autres. Une fois tout fini, nous prenons un selfie avec l’ensemble des policiers. Ils nous annoncent qu’ils passeront un message à la radio locale pour que la personne qui aurait trouvé notre smartphone la rapporte à la pension. Super sympa !
De retour à la pension, il est finalement temps de faire notre sac pour repartir le lendemain. On a un peu fait une croix sur le téléphone mais au pire, on n’est pas trop loin, on pourra s’arranger si jamais ils le retrouvent dans les jours qui suivent. Prochaine étape, les rizières de Ruteng, puis enfin, la ville côtière de Labuan Bajo, où nous retrouverons Charles !
Au final, nous n’avons jamais eu de nouvelles du smartphone, on s’en doutait un peu…