Se perdre à Bajawa

Le 16 mai 2018

Après le Kelimutu, il va être temps de nous séparer du couple d’allemands que nous accompagnons depuis maintenant 3 jours environ. Tandis que nous continuons vers l’ouest et vers Labuan Bajo, leur guide les prend en charge et ils se dirigent vers des îles dans le nord de Florès. Heureusement pour nous, ils passent avant par la ville d’Ende, où nous comptons séjourner une nuit pour avoir un peu de wifi et donner des nouvelles. Ils nous déposent donc gentiment sur le route, non sans avoir fait quelques arrêts sur le chemin pour prendre des photos du magnifique paysage. Jusqu’à présent, Florès est décidément un vrai coup de cœur, avec ses beaux paysages, ses plages, ses montagnes et sa population très accueillante.
 
Bouhou ça n'a pas l'air très solide
Notre séjour à Ende est donc rapide et se résume à une nuit. Un petit tour le soir dans un excellent petit warung où le propriétaire, anglophone pour une fois, nous décrit avec soin les quelques plats de sa carte. Le repas est délicieux ! Le lendemain matin, c’est déjà reparti, vers Bajawa cette fois. Un bémo vers la gare des bus où nous négocions finalement avec un monsieur en voiture pour un trajet avec lui, pour le même prix que le bus. Ca nous fera plus de confort, yes !

Le route dure quelques heures, sur des « spaghetti roads » comme ils les appellent, mais les paysages sont une fois de plus merveilleux. Mer, jungle, montagne, on peut passer de l’un à l’autre en quelques kilomètres.
Alors que nous passons à petit pas à proximité d’une école à la fin des cours, les écoliers nous remarquent par notre fenêtre ouverte. Si quasi tous nous saluent avec des « Hello Mister ! », « How are you Mister ? », un écolier nous lance soudain un « Fuck you ! », sans doute pour faire le malin devant ses copains. Sauf que notre chauffeur l’a entendu… Quelques mètres plus loin, notre voiture s’arrête et fait marche arrière, avant que notre chauffeur sorte. Il n’est pas vraiment content. Il remonte pendant quelques minutes les bretelles de celui qui nous a insulté puis revient à la voiture tout en s’excusant auprès de nous du mauvais comportement de l’élève. Pour nous, ce n’est pas trop grave, ça nous est déjà arrivé deux fois et même si ça ne fait pas vraiment plaisir, ce sont à chaque fois des enfants qui ne réalisent pas vraiment à notre avis. Notre chauffeur lui poursuit sa route en s’insurgeant en indonésien sur la mauvaise éducation du garnement et sur la mauvaise image que les « boulés » vont avoir de l’Indonésie. Une fois, ce petit épisode passé, la voiture replonge de nouveau dans un calme relatif. Un peu trop d’ailleurs. Il reste 1h à 1h30 de route et notre chauffeur semble être très fatigué : ses yeux se ferment parfois l’espace d’un instant, sa tête dodeline régulièrement et il se craque les doigts et se pince les mains pour se tenir éveillé. Gloups. C’est presque si on n’est pas soulagé quand il a quelqu’un au téléphone ou qu’il allume une cigarette, pour se tenir éveillé.
Vers la moitié de l’après-midi, nous arrivons finalement bien en vie à notre pension très cosy pour trois nuits, à Bajawa !
 

Notre petite terrasse
La petite ville montagnarde de Bajawa est située à environ la moitié de l’île de Florès, dans un environnement assez volcanique, peuplé de quelques communautés ethniques bien locales. Le climat y est frais comme au Kelimutu et si un t-shirt suffit la journée, il vaut mieux avoir un petit pull le soir ! Tout ce qu’il nous faut !
Pour visiter ces environs, nous misons sur la moto. Notre jeune rasta-hôte loue justement des motos et nous fournit donc via un intermédiaire une vieille moto semi-automatique (ces dernières sont moins chères que les automatiques). A part un rétro en moins, elle semble relativement correcte et nous partons donc en milieu de matinée avec notre nouvelle monture. Mais nous remarquons vite un premier souci sur la moto : le frein arrière ne fonctionne pas… Gloups encore. Bon, il va falloir être prudent, très prudent en utilisant uniquement le frein avant. Autre souci qui apparaît, les clignotants ne fonctionnent pas. Ca c’est moins cruciale dans ce pays mais bon, c’est quand même emmerdant. De nouveau, on est très prudent.
 
Francé fait genre qu'elle sait rouler
Heureusement, notre première destination est complètement hors de la circulation. En effet, nous nous dirigeons sur un petit sentier vers le sommet de l’une des collines du coin. Le sentier est d’ailleurs assez rock’n’roll et Francé est contrainte de descendre par moment de la moto pour les passages très caillouteux en pente (Ca devient plutôt les Rolling Stones… Héhé). On avance, on hésite, on avance encore, puis nous réalisons que nous sommes complètement dans le flou, le GPS ne nous situe plus. On avance une fois de plus, et cette fois, nous sortons des bois et tombons sur la crête de la colline avec un magnifique panorama, et un peu plus loin, un autre petit sommet que celui que nous visions au départ. Pas grave, nous irons sur celui-ci !
 
Perdu dans la brousse
On laisse notre moto en bas et on escalade la prairie. On pourrait croire à celle du générique de « La petite maison dans la prairie ». Ça grimpe, ça grimpe, pour au final arriver au sommet d’un ancien cratère avec quelques vaches qui broutent. La vue est superbe, on peut voir le grand volcan Inerie au loin, la température est idéale et il y un grand soleil. Il ne manque que des petits moutons dans le paysage. C’est tout simplement parfait. Il n’y a qu’une chose à faire : se coucher à l’ombre, somnoler, et profiter. On reste là tout un moment sous les branches d’un arbre avant de finalement devoir partir à contrecœur (il faut bien rentabiliser la moto).
 
La petite maison dans la prairie (trouvez Paul)
Le volcan Inerie
Sur la crête du cratère
:)
Petit repos au Paradis
Après avoir parcouru la fin du sentier précautionneusement avec la moto et être rentré pour dîner, c’est reparti pour sillonner la région ! Cette fois, nous allons voir les villages ethniques. Ceux-ci sont un peu plus loin et la route est de nouveau en spaghetti, comme partout sur Florès. Surtout, ça monte et ça descend très fort, ce qui n’est pas spécialement rassurant avec juste notre frein avant. Mais on est prudent comme toujours.

Arrivés aux villages ethniques, nous nous garons et marchons vers l’un d’eux. Normalement, nous sommes censés payer (faire une donation) pour aller voir le village mais sans le vouloir nous avons emprunté un petit chemin qui passe derrière le village, au lieu de prendre la route principale. Personne ne nous demande quoique ce soit et on a un peu l’impression de rentrer comme des voleurs. Enfin bon, si personne ne nous demande quoique ce soit, tampis. On ne rentre juste pas sur la place centrale du village et restons en périphérie. Là, des petits mecs jouent un peu au foot et certains invitent Paul pour taper la balle. Après une courte hésitation, il part les rejoindre, tandis que Francé est invitée par les filles de son côté pour participer à un genre de volley.
 

Un village ethnique
Un petit foot avec les enfants du village
Une demi-heure plus tard, une fois de plus rattrapés par le temps, il est temps de reprendre la route. Au revoir les ptits indonésiens ! Alors que nous quittons le village, une vieille dame sort de sa petite maison et vient à notre rencontre sur le petit chemin. C’est tout simplement qu’elle vient nous faire des au revoir chaleureux sans parler, mais en prennent nos mains dans les siennes, un immense sourire sur le visage. Elle est trop mignonne et ça nous touche comme elle met du cœur à nous dire au revoir.

Avant de rentrer vers notre logement, il y a encore une chose qu’il faut aller voir : les sources chaudes ! Situées encore quelques kilomètres plus loin que les villages, ces sources chaudes sont en réalité un endroit où se rejoignent deux rivières, l’une glacée, l’autre bouillante. Une fois les deux réunies, l’eau est délicieusement bonne et bon nombre d’habitants ainsi que des touristes s’y retrouvent pour se baigner. Nous nous y posons une petite demi-heure puis il est enfin temps de reprendre définitivement la route pour rentrer.
 

Les sources chaudes
La fin d’après-midi approche et on a pas envie de conduire notre moto foireuse de nuit… surtout qu’on vient de réaliser que les phares ne fonctionnent pas non plus ! Décidément, on fera plus attention la prochaine fois avant d’accepter une moto ! La course contre la montre s’engage donc pour rentrer tant qu’il fait clair tout en restant prudent avec notre machine. Les derniers kilomètres, l’obscurité est quasi présente et ça devient très stressant, d’autant que nous sommes sur une partie où la circulation est plus animée. Enfin, nous parvenons à notre pension et poussons un grand « Ouf ! » de soulagement ! On veut en toucher un mot à notre hôte mais il n’est pas là pour l’instant. Ce sera après le souper.
 
Un beau dernier paysage
Après un bon petit bakso comme souper (soupe avec des grosses boulettes), nous achetons des grosses crêpes typiques et une bonne bière pour se remettre tranquillement de notre soirée. Le stress de la moto nous a épuisé et la journée a été bien remplie. Tout annonçait une soirée tranquille mais alors que nous marchons dans la rue noire vers notre pension, Francé s’exclame soudain en fouillant les poches de son sweat: le smartphone n’y est plus ! Il a dû glisser de sa poche et tomber dans la rue. Mais il ne peut pas être loin, nous l’avions en achetant les crêpes 2 minutes plus tôt. Vite ! Nous commençons à regarder tout le long de la route. Cependant, il fait noir et sans lampes, c’est difficile. Paul court donc chercher les lampes frontales à la pension puis revient pour poursuivre la recherche. Pendant ce temps, plusieurs indonésiens ont demandé à Francé ce qu’elle faisait et se sont mis à chercher avec elle. Après un nombre incalculable d’aller-retour sur le trajet où nous avons perdus le smartphone, nous devons nous rendre à l’évidence. Il a bel et bien disparu. Soit on l’a volé, soit quelqu’un l’a ramassé et est parti avec. Une semaine après le portefeuille de Paul, ça s’enchaîne ! La mort dans l’âme, nous rentrons finalement descendre notre bière et manger notre grosse crêpe. Ce n’était pas vraiment comme ça qu’on pensait terminer notre belle journée.

Le lendemain matin, après une nuit où le sommeil n’a pas vraiment été présent, nous jetons tout de même un dernier coup d’œil dans la rue, à la lumière du jour, dès l’aube. Toujours rien. Nous demandons également à toute une série de commerce du coin s’ils n’ont pas vu le smartphone, et de le ramener à notre pension, s’ils en entendent parler. Il y a peu d’espoir mais bon, sait-on jamais. Notre hôte est informé également et contacte des gens de la ville pour essayer de retrouver aussi notre cher smartphone. L’après-midi, en dernier recours, nous décidons d’aller à la police pour déclarer notre perte. Nous y allons aussi pour y déposer une carte de banque que nous avons trouvée en cherchant le smartphone. Au moins, quelqu’un retrouvera son bien.

Au bureau de police, bien que aimables et souriants, aucun policier ne baragouine anglais. Nous avons bien préparé quelques mots en indonésiens pour expliquer que nous avons perdu un smartphone et trouvé une carte de banque mais ça a l’air tout de même compliqué. Ils font donc appel à un interprète et nous demandent de patienter jusqu’à l’arrivée de celui-ci qui s’avère être… notre hôte ! Enfin, nous pouvons remplir notre déclaration : nom, âge, adresse, etc., et même religion ! Tous les policiers du coin se sont réunis près de nous pour voir comment ça se passe avec les « boulés ». Tout se fait dans la bonne humeur, ce n’est pas tous les jours qu’il y a des « boulés » à la police du quartier. Alors que la déclaration est bientôt complète, c’est la coupure de courant générale et l’ordinateur du policier s’éteint. On rigole tous et en attendant que le courant revienne, nous nous voyons proposer du café ainsi que des petits pisang goreng (beignets de banane). C’est qu’ils sont aimables ces policiers (même s’ils attirent notre attention en nous appelant « boulé », ça devient un peu rabaissant à la longue :p). Ils nous proposent aussi des cigarettes mais on ne fume pas. Quand le courant revient enfin, il est temps de finir la déclaration. Francé et notre hôte aident le policier pendant que Paul parle football (un langage universel) avec les autres. Une fois tout fini, nous prenons un selfie avec l’ensemble des policiers. Ils nous annoncent qu’ils passeront un message à la radio locale pour que la personne qui aurait trouvé notre smartphone la rapporte à la pension. Super sympa !

De retour à la pension, il est finalement temps de faire notre sac pour repartir le lendemain. On a un peu fait une croix sur le téléphone mais au pire, on n’est pas trop loin, on pourra s’arranger si jamais ils le retrouvent dans les jours qui suivent. Prochaine étape, les rizières de Ruteng, puis enfin, la ville côtière de Labuan Bajo, où nous retrouverons Charles !

Au final, nous n’avons jamais eu de nouvelles du smartphone, on s’en doutait un peu…
 

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