Transition marquée du Vietnam à la Chine

Le 21 octobre 2018

De Hanoï à la Chine

Ce soir, nous serons en Chine !
Nous sommes arrivés à Hanoi la veille et partons ce matin vers la frontière sino-vietnamienne.
Tout est prêt, les sacs sont empaquetés et surtout, notre visa est bien sur notre passeport. Il n’y a plus qu’à. A peine notre auberge payée que déjà la navette qui nous amène au bus arrive. Dans ce genre de cas, on ne sait jamais trop comment ça se passe, il faut faire juste confiance. La navette nous dépose à une sorte de garage souterrain avec quelques sièges et un petit bureau de change où des gens, chinois pour la plupart, attendent déjà. C’est l’occasion de changer nos quelques dongs vietnamiens restants en yuans chinois. Voilà voilou. Puis le bus arrive enfin, le chauffeur nous fait un petit pouce en l’air et nous commençons notre trajet.

Alors que le bus se rapproche progressivement de la frontière, nous profitons de ce qui nous reste de 3G vietnamienne pour regarder quels trains partent de notre destination, Nanning, jusqu’à Shanghai. Car c’est de cette dernière que nous commencerons nos visites. Mais c’est avec étonnement et un peu de détresse que nous réalisons que tous les trains entre les deux villes sont presque complets ou en cours d’être complets. Le temps de réaliser lequel nous voulons prendre, il est déjà trop tard : tous les trains à petit budget sont complets ou n’ont que des sièges vacants pour le trajet de nuit. Arrgghhh ! C’est bien différent de partout ailleurs en Asie où il y avait toujours de la place, même au moment de partir ! Il faudra s’y prendre davantage à l’avance en Chine pour les réservations (logements et transports) car tout part très vite !
Heureusement il reste un « bullet train », ces trains qui roulent à 350 km/h et qui devrait mettre environ 12h de jour pour rejoindre Shanghai. Mais bon, c’est tout de suite bien plus cher. Tampis, pas trop le choix… On achètera les tickets à la gare de Nanning, les places étant encore nombreuses. Ce sera moins cher.

Après 4h de trajet environ, le Col de l’Amitié se présente à nous. Amitié toute relative si l’on peut dire, la Chine et le Vietnam ayant longtemps entretenu des relations houleuses et la Chine ayant mené des incursions en sol vietnamien après la guerre contre les Etats-Unis.
Aujourd’hui, la situation est cependant sereine. Tandis que le bus nous laisse descendre, une voiturette de golf prend le relais et fonce vers l’immense arche de l’émigration vietnamienne ; un tampon, et c’est bon ! La voiturette traverse ensuite la frontière pour nous déposer à l’immigration chinoise. Ici, les démarches ne sont pas beaucoup plus compliquées mais il nous faut tout de même donner nos empreintes, faire une photo et subir le regard scrupuleux de l’officiel. Et…c’est bon ! On y est ! En Chine !
Un dernier petit tour en golfette et nous sommes bon pour attendre le bus pour la suite du voyage. Tout est en chinois (et un peu en vietnamien) donc on ne sait pas trop quand et comment nous repartirons. On se contente d’épier les autres voyageurs et lorsque le bus arrive enfin, nous les suivons. En route pour Nanning maintenant, capitale provinciale de Guangxi !
 

Enfin en Chine !

Premier dodo en Chine à Nanning

La nuit tombée, le car arrive enfin à notre première ville chinoise, Nanning. Bien que simple capitale de province, la population est de plus de 7 millions d’habitants, étant passée de 3,5 millions à 7 millions entre 2010 et 2014 seulement ! Pour une simple ville, elle est donc plutôt gigantesque, contenant plus de la moitié de la population belge. Et ça se voit que c’est grand, rien qu’au temps que prend le bus pour rejoindre le centre. Partout, des travaux sont en cours. Arrivés au terminal, nous nous dirigeons dans le noir entre ces travaux (et même les pieds dans l’eau) jusqu’à la gare, histoire d’acheter notre ticket de train vers Shanghai et d’être sûr de partir le lendemain.

Tout le monde nous regarde avec un drôle d’air. Nous passons un contrôle de sécurité (le premier d’une longue série en Chine) et entrons dans le hall de la gare. Contrairement aux autres pays d’Asie, il est bien connu que les chinois parlent très peu l’anglais, à l’exception peut-être dans certaines grandes villes touristiques, ce qui n’est pas le cas de Nanning. Heureusement, du coin de l’œil, nous apercevons un guichet de la gare dédié aux anglophones. Plus facile que prévu ! Sauf qu’il n’y a personne, juste un décompte au-dessus de la fenêtre. Apparemment, il faut attendre 5 à 10 min que l’employé revienne. Mais alors que nous attendons, un chinois vient nous trouver et dans un anglais presque parfait, nous demande quel ticket nous voudrions. Il n’a pas souvent l’occasion de pratiquer la langue de Shakespeare et profite de l’occasion de nous rencontrer ! Il nous entraîne donc à un guichet « chinois » et commande nos tickets, tout en nous expliquant où prendre le train (à une autre gare) et à quelle heure y être. Trop cool ! Merci monsieur !
 

Personne au comptoir anglophone...
Ou merci Monsieur !
Notre ticket en poche, on peut enfin se rendre à notre logement. Un peu de marche et nous y voilà. Une personne à la réception parle un peu anglais et nous réglons les formalités avant d’être menés à notre chambre. L’hôtel est réparti dans un grand immeuble et il semblerait que la plupart des gens vivent en réalité ici. Les couloirs sont très moisis et lugubres, la moquette des couloirs est sale et trouée, mais la chambre est grande, avec cuisine, wifi, machine à laver, et tout et tout : parfait pour y vivre effectivement !

Maintenant installés, il faut manger ! L’occasion de se balader dans notre première ville chinoise. Centre commercial géant après centre commercial géant, ça change ! Ce n’est clairement plus le Vietnam. On retrouve malgré tout l’un de nos bons vieux marchés de nuit. Même si le style est bien différent et un peu plus chic, il y a toujours un endroit où manger un plat de nouille pour pas cher. On craque aussi pour des drôles de choses comme des boules fumantes qui nous font sortir de la fumée par le nez et la bouche tandis que nous les croquons ! Rassasiés, il ne nous reste plus qu’à rentrer, non sans avoir pris un selfie avec des jeunes. Demain, nous prenons la direction de Shanghai !
 

Des boules fumantes
La petite gare de Nanning

En bullet train vers Shanghai

Au matin, direction la gare de Nanning (la deuxième) pour prendre notre fusée ! Heureusement, le nouveau métro de la ville est facile à utiliser et avec quelques indications en anglais. En quelques minutes, nous y voici donc déjà, dans l’immense hall. On pourrait mettre la gare des Guillemins rien que dans le hall. Vite aller acheter quelques crasses à manger, puis passage de la sécurité. Et nous y voilà, c’est parti pour 12h à pleine vitesse. Et les paysages défilent à toute allure, les immeubles étant remplacés par les champs, les forêts, les villages abandonnés, puis les immeubles encore, et rebelote.
Vers 22h, enfin, le train ralentit en gare de Shanghai (l’une d’elle). Il ne nous reste plus qu’à prendre le métro vers le petit hôtel que nous avons réservé le matin même.
 

C'est parti pour Shanghai !
Le type d'immeubles surgissant de nulle part durant notre trajet de train
Encore une heure donc. Lorsque nous arrivons à notre logement, il est environ 23h et une mauvaise surprise nous attend. L’hôtel n’accepte pas les étrangers ! Nous essayons de nous faire comprendre de l’employé de la réception avec Google Translate, mais il ne veut rien entendre. Pas même le fait que nous avons été débités de prix de la réservation.
Il est maintenant presque minuit et il ne nous reste plus qu’à aller à un hôtel bien plus cher à côté, qui accepte les gens comme nous. Dur dur de payer autant pour une malheureuse nuit qui est déjà bien entamée. Au moins on aura le déjeuner inclus. Bon, au lit maintenant.

Il faut savoir qu’en Chine, bien que tout logement puisse accepter des étrangers, ils doivent notifier aux autorités dans les 24h la présence de l’étranger au sein de l’établissement. Tout cela est fastidieux administrativement et peut entraîner la visite d’officiels venant vérifier ou inspecter cette présence. Dès lors, uniquement certains logements se déclarent ouverts aux étrangers tandis que la grande majorité des logements (notamment les moins chers…) n’acceptent que des citoyens chinois afin d’éviter toute intrusion du gouvernement dans leurs affaires.

Jour 2 à Shanghai, il nous faut absolument trouver un logement moins cher que celui-ci. On recherche toute la matinée et finalement, choisissons une auberge internationale en périphérie ; au moins on sera acceptés. Deux métros et on y est. Cette fois c’est la bonne, on s’installe pour deux jours à Shanghai afin de préparer nos visites dans les provinces de Zhejiang et Anhui, aux alentours.
La mégapole en elle-même sera pour plus tard, lorsque nous retrouverons notre ami Jay qu’on avait rencontré à ThaBarWa au Myanmar.
Nous avions aussi dans l’idée de déjà déposer notre passeport pour faire le visa mongol, mais il semblerait que le consulat mongol à Shanghai n’existe plus… Pas de bol. Il faudra faire ça à Pékin.
 

Des petites bières belges pour nous réconforter
Cette introduction à Shanghai nous donne un peu plus l’occasion de découvrir quelques spécificités chinoises que nous avions déjà rencontrées à Nanning.
Tout d’abord, on a un peu le sentiment que tout le monde est surveillé en permanence dans ses mouvements. Il y a des contrôles de sécurité avec passage des bagages aux rayons X un peu partout, dans chaque station de métro, terminal de bus, gare de train, tandis que des caméras prennent des dizaines de photos des gens avec reconnaissance faciale (nous sommes identifiés automatiquement grâce à ces photos). Quand une personne s’enregistre dans un hôtel, qu’elle soit chinoise ou étrangère, toute information est transmise aux autorités également.
De plus, des contrôles réguliers sont opérés notamment dans les métros pour scanner les cartes d’identité des chinois. C’est un peu effrayant.

Internet est bien évidemment sous contrôle : pas de Google, Facebook, Youtube,… Pour contourner ce problème, il faut disposer d’un VPN (un portail permettant de se connecter à un serveur étranger non-affecté par ces interdictions). Heureusement, nous avons le VPN de l’université de Paul donc pas de soucis à ce niveau-là.
En fait, les chinois ont des sites et applications équivalentes juste pour eux, comme WeChat pour communiquer par exemple. Ils peuvent tout faire avec WeChat, c’est un Facebook, WhatsApp, boite mail, compte bancaire en même temps. Il parait que leurs infos sont aussi récoltées et surveillées via cette app (facile, vu qu’ils ne peuvent en utiliser que peu d’autres).

En Chine, beaucoup de choses ont basculé dans l’ère de l’électronique et très peu de payements s’effectuent encore en cash. Les chinois utilisent à présent leur smartphone pour payer, à l’aide de codes à scanner, leur permettant de ne pas conserver d’argent liquide sur eux. Pour nous, ce type de payement sera inaccessible car il faut une banque chinoise évidemment, ce qui nous a embêté quelques fois.

Enfin, la Chine est bien passée au niveau supérieur en ce qui concerne le développement. Si certains imaginent encore une Chine arriérée, ils ne peuvent se tromper plus, en tout cas en ce qui concerne les villes. Car les villes chinoises sont des exemples de modernité, associant nouvelles lignes de métro flamboyantes à un réseau développé de bus ainsi qu’à des bandes motocyclables pour toutes les scooters électriques qui ont remplacés les vélos.
Tout est propre, bien aménagé et souvent très grand (centres commerciaux, immeubles vertigineux). Concrètement, c’est bien fait mais ça manque d’identité, tout ayant probablement été construit dans les quelques décennies passées.

Les chinois eux ne sont pas en reste. La grande majorité est habillée à la dernière mode et tout chinois possède un smartphone dernier cri. Il faut être au top, il faut être moderne ! Ce qui donne l’impression que tout le monde se ressemble (même vêtements, même coiffure, même smartphone…). Nous étions plutôt pouilleux à côté, n’échappant pas à certains regards interpellés du genre « Regarde un peu l’état de ses chaussures ».
Les chaussures c’est quelque chose de très signifiant en Asie. La plupart des asiatiques vivent en flipflop en permanence, mettre des chaussures est une forme de respect. Etant un bien cher, ils en mettent pour des jours importants, pour des rdv, etc (par exemple à Manille, c’était chaussures obligatoires pour aller au Bureau de l’Immigration). Par contre en Chine, on ne verra personne en flipflop ! Les chinois sont fiers, les slashs, c’est pour les pauvres.

En raison du niveau plus élevé de vie des chinois comparé à leurs voisins asiatiques, les prix s’en font sensiblement ressentir et il nous est plus difficile de trouver des stands de rue à petit prix. Il en reste malgré tout quelques-uns, dans certaines allées sombres, où nous achetons un bon plat de nouilles pimenté à un stand pour ouvriers.
Autrement, ici, les nouilles instants sont reines et ont conquis le cœur des habitants !

Après deux jours passés dans notre auberge de Shanghai, notre planning est au point, il est grand temps de partir voir une Chine moins citadine ! Première destination, le village scénique de Wuzhen, entre les deux métropoles de Shanghai et Hangzhou.
 

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