Séjour à Rantepao au pays Toraja

Le 21 avril 2018

Bonne nouvelle, grâce aux antibiotiques, Paul va nettement mieux et se sent prêt à bouger ailleurs ! Convaincu par notre ami apprenti guide rencontré à Makassar, on décide de suivre son plan B (le plan A étant d’aller plonger) et d’aller découvrir le pays Toraja.
Les Toraja sont un peuple de la région centrale de l’île de Sulawesi, une contrée exceptionnellement chrétienne (bien que ce soit une version de la chrétienté associée à des croyances animistes). Ils sont notamment célèbres pour leurs maisons typiques et leur lien particulier avec la mort.

De bon matin nous nous dirigeons vers le terminal pour prendre un car de 10h. On aurait pu le prendre de nuit, mais depuis note dernière expérience vers Balikpapan, on n’a plus trop confiance aux chauffeurs qui défient la mort en pleine nuit.
Makassar est une grande ville d’environ 1,6 millions d’habitants, mais étonnamment, les guichets du terminal de bus se résument à une petite table en bois avec une chaise en plastique dans un coin.
On nous annonce un prix plus élevé que ce qu’on avait prévu, mais on n’a pas assez d’argent et aucun ATM ne fonctionne. Zut ! Lorsque nous nous résignons à faire demi-tour, un monsieur bien gentil nous propose de nous avancer une partie du prix de notre billet. Il fait le même trajet donc on pourra lui rembourser plus tard grâce à un ATM sur la route. Terima kasih ! (Merci).

En attendant le bus, Paul se fait défier au badminton par le vendeur de ticket en plein milieu de la salle d’attente. Les quelques passants jouent les spectateurs et sont témoin de l’humiliation que subi Paul. Il faut savoir que le badminton est le deuxième sport national après le football.
Dans le bus on fait un peu connaissance avec notre sauveur. Il travaille à l’aéroport de Toraja et fait les trajets régulièrement. Il nous montre des photos de son fils de 2 ans et nous demande de nous rajouter sur Facebook. On accepte et on se rend compte que ce n’est pas lui sur Facebook, mais un compte qu’il a déjà créé pour son fils !
Nous voyant limités sur la nourriture vu qu’on n’a plus d’argent, notre ami nous surprend encore une fois en nous offrant un sac en plastique plein de petits gâteaux traditionnels. Ce sont des petits boudins bruns de 5 cm. Oui ça ressemble exactement à des crottes de chiens ! Mais c’est super bon ! Sur la fin, on arrive enfin à lui rembourser et on le remercie grandement 🙂 Et nous voilà arrivés à Rantepao, en pays Toraja.
 

Les crottes de chien ;)
L’attraction principale des Toraja est la pratique de cérémonies funéraires impressionnantes et très élaborées. Il est possible d’y assister avec la compagnie d’un guide, mais nous ne sommes pas très à l’aise de nous imposer de la sorte, même si la présence de touristes est très courante. Il parait qu’on doit se mettre en tenue de deuil, offrir un cadeau à la famille et aller saluer le mort en personne (et lui parler). Tout ça nous donne un sentiment un peu trop intrusif et on préfère se limiter aux visites des campagnes.
La seconde attraction sont leurs maisons traditionnelles avec leur toit aux pointes élevées vers le ciel. Autrefois, plus les toits étaient élevés, plus la famille était riche ou importante. Cette forme courbée pourrait signifier 3 choses : les cornes d’un buffle (animal très important dans cette région car ils les sacrifient durant les cérémonies funéraires), la courbe d’un bateau ou encore la liaison entre la terre et le ciel.
 
Les belles maisons Toraja
Cette fois, nous optons pour un logement plus confortable qu’à nos habitudes, un lodge bien entretenu tenu par un petit couple indonésien. On a une sensation étrange en croisant des blancs : eh oui ça faisait longtemps. Le cadre est magnifique avec le petit jardin et vue sur les rizières.
Une fois installée, Francé se rend compte qu’elle a oublié ses deux écharpes dans le bus ! Gros malheur car elles nous sont bien précieuses durant le voyage. Elle demande à la gérante de l’hôtel de téléphoner au terminal pour voir s’ils les ont trouvées. Pas de nouvelles 🙁
 
Fleurs du jardin de l'hotel
Le soir on sort dans la rue pour souper et très rapidement un jeune indonésien vient nous accoster pour nous parler de tout et de rien. Il nous propose même de nous accompagner vers une bonne adresse où se restaurer. Après avoir eu la même scène à Banjarmasin, on comprend bien l’affaire, c’est un guide qui essaie de nous amadouer. Il tourne autour du pot et nous on fait comme si de rien n’était, car tout ce qui nous intéresse c’est l’adresse du restaurant, donc on le suit. Mais évidemment, il nous fait entrer dans un café-resto branché de la ville où on sert des plats qui font 3x le prix. On lui dit que c’est trop cher et il a l’air surpris. Finalement il nous montre une autre adresse, toujours un peu chère mais ça va. L’embêtant, c’est qu’il se poste au fond du resto et guette nos mouvements.
Après qu’on se soit régalé, il revient vers nous et nous demande d’être notre guide afin d’aller voir les célébrations funéraires. On refuse poliment mais il insiste et continue à marcher avec nous. On doit finalement arriver au point de mentir et dire qu’on a déjà un autre guide. Son boss passe « par hasard » sur le chemin et nous demande qui est ce guide etc. Ça commence à nous pomper et on insiste bien en disant qu’on n’a pas besoin d’eux.
Au final on s’en débarrasse à l’entrée de notre auberge, mais on aura encore droit à des messages et appels sur Facebook durant les 2 jours qui suivent…

Le lendemain on profite de notre belle auberge pour prendre un bon petit dej occidental. Pancake et café toraja, ça fait du bien. Le café est une des spécialités du coin et on peut sentir l’odeur dans toute la ville.
 

Route qui sillonne les rizières
Aujourd’hui un peu de marche ! On décide de descendre la montagne où une jolie petite route sillonne les villages Toraja à partir du village de Batutumanga. On va au terminal des bus pour prendre un bemo vers le haut de la montagne et là on a encore affaire à un conducteur qui nous annonce un prix exorbitant (x5 !). Impossible de négocier, on avance sur la route et directement quelqu’un d’autre nous interpelle et nous donne un prix correct. On accepte et on monte à bord d’un 4×4 avec comme autre passager un petit vieux et son coq sur les genoux.
 
Avant d’entamer la descente, on s’arrête dans un mini buibui de village où un monde fou vient chercher des mie bakso (nouilles et boulettes). On s’installe dans cette cage à poule et toutes les femmes ont l’air amusées.
Le ventre plein, on y va ! On sent bien nos mollets mais les paysages en valent la peine. Des rizières, des petits villages, des églises, des enfants, des forêts, des énormes bambous… On s’arrête aussi à un cimetière d’enfant, mais on réalise que le prix d’entrée était sans doute une arnaque… ça nous énerve un peu, mais il fait beau et pas trop chaud, les gens sur le chemin sont très gentils, on voit plein de chiens, de poulets, de cochons, donc c’est vite oublié.
On constate aussi que les fameuses maisons Toraja sont partout !
 
Un village Toraja
Les méga bambous
Les méga bambous !
Des stèles perdues
Un village Toraja
Le jour suivant, on a mal aux mollets, on décide alors de la faire plus relax. Au bout de la ville, il y a un petit mont avec un grand « Toraja » et une énorme croix du Christ. On décide d’aller jusque-là admirer la vue en 360°. Le reste de la journée, on profite d’avoir internet 😉
 
La butte Toraja
Francé fait le Pape avec des écorces de bambous
Notre petit hotel avec vue sur la butte Toraja
Après une journée de repos, on chevauche une moto pour faire le tour des villages ouverts aux touristes afin de contempler l’architecture de tout près.
 
File de motos à la pompe à essence
Le premier n’est quasi plus habité et n’est consacré qu’au tourisme. L’atmosphère n’est donc pas très chaleureuse, mais les maisons sont très belles et on peut se promener librement. Il y a aussi un cimetière avec d’anciens cercueils dans la roche. Ca fait penser aux tombes vues à Kabayan aux Philippines ! En plus des cercueils, il y a aussi des Tau-Tau, des représentations quasi parfaites des morts tels des mannequins.
 
Un village Toraja
Des têtes de buffles président devant l'entrée des maisons
Os des buffles sacrifiés durant les cérémonies funéraires
Des cercueils suspendus
Les Tau-Tau, représentation troublante des morts
A droite les maisons des familles, à gauche les "maisons" pour conserver le riz
On continue notre balade avec nos beaux casques et on croise encore des rizières, des buffles aussi. Après quelques kilomètres on visite un autre village avec des tombes de bébé dans un gros arbre.
 
Des tombes de bébés
Les canards prennent leur bain dans les rizières
Il commence malheureusement à pleuvoir, nous décidant à retourner à l’auberge. On se pose un peu le temps de déguster le goûter offert quotidiennement, une salade de fruit. Miam !
Dans le premier village, nous avions repéré une petite boutique d’artisanat local et on décide vite d’y retourner pour nous trouver un petit souvenir. On démarre la moto et la dame de l’auberge nous arrête, elle a récupéré les écharpes de Francé ! Quel bonheur !
L’entrée du village en question était payante, mais vu que Francé avait sympathisé avec le guichetier lors de la première visite, il la reconnait et nous laisse rentrer sans payer cette fois. On rentre dans la petite boutique qui était déjà fermée et on négocie le prix de bas-reliefs en bois avec une petite vielle qui ne parle pas anglais. On sortira avec deux planches sculptées à la main (c’est ce qu’ils nous disent mais nous pensons que c’est plutôt déjà sculpté et peint à la main simplement).

On rentre cette fois pour de bon et pas trop tard car on doit prévenir nos hôtes qu’on aimerait goûter à la spécialité locale comme souper. Le Pa’piong, une préparation au porc et légumes qui doit cuire pendant deux heures à l’intérieur d’un bambou. Le résultat fut succulent ! On opte aussi pour le vin de palme local. On est moins convaincu, mais ils nous ont apporté une cruche, faut la finir !

Ce petit séjour se termine par un dernier café toraja tôt matin. Avant de partir, on offre à notre hôte une belle boite de biscuits afin de la remercier d’avoir été chercher les écharpes des Francé. Sur la route en bus, on achète à notre tour « des crottes de chien » et on retourne à Makassar, pour quelques heures cette fois, car à 4h du matin on doit prendre le ferry vers l’île de Florès !

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